![]() |
Comment le malaise d'un passager dans un tunnel bloque le trafic RER... |
Le malaise d'un passager dans le tunnel Châtelet-Gare du Nord, l'un des plus empruntés au monde, a provoqué une interruption du trafic des RER B et D durant plusieurs heures lundi, mais les marges de manoeuvre pour éviter ce point d'étranglement sont réduites ou très coûteuses.
Lundi vers 17H00, ce malaise d'un passager d'un RER D, qui venait d'entrer dans ce tunnel, à hauteur de Châtelet, a entraîné une interruption du trafic qui s'est répercutée sur l'ensemble des lignes B et D (1,2 million de passagers par jour) jusqu'à tard dans la soirée.
En raison de la gravité de ce malaise, les secours ont dû intervenir dans le train, qui n'avait pas le droit d'avancer. Le malade a été évacué vers 18H00, mais, entre-temps, des voyageurs avaient actionné l'alarme d'urgence, ouvrant ainsi les portes pour descendre sur les voies et regagner à pied la station du Châtelet, dans l'espoir de trouver un autre moyen d'arriver à destination.
"A partir du moment où des voyageurs se trouvent sur les voies, on arrête le trafic", résume-t-on à la SNCF, en rappelant que "c'est extrêmement dangereux", et d'autant plus dans ce tunnel où la distance entre les trains et le mur du tunnel est très réduite.
Par ricochet, le trafic du RER B, qui emprunte ce même tunnel, a aussi été fortement perturbé.
Le tunnel, par lequel passent en moyenne 28 trains par heure (20 RER B et 8 RER D), dispose d'une voie dans chaque sens, "alors qu'à Châtelet et Gare du Nord, ces trains proviennent de quatre voies", souligne la SNCF.
"Cela marche à flux tendu, certes, mais ce n'est pas l'infrastructure qui pose le plus problème", estime-t-on à la RATP, gestionnaire de ce tronçon de voies, qui souligne qu'une meilleure signalisation ou une centralisation du commandement peuvent fluidifier le trafic.
Un projet pour regrouper la supervision du trafic du RER B, aujourd'hui assurée par quatre "postes de commandement" (trois gérés par la SNCF, un par la RATP) en un seul poste, qui devrait se concrétiser en fin d'année, devrait donc également contribuer à fluidifier le trafic. En attendant, reconnaît-on à la RATP, "les marges de manoeuvre sont réduites".
Et, comme l'avait résumé en décembre 2011 l'autorité régulatrice des transports en Ile-de-France, le Stif, à très long terme, "pour aller au-delà, et avec des performances accrues pour les usagers, il sera nécessaire de créer une nouvelle infrastructure venant doubler le tunnel actuel".
Ce projet coûterait "des milliards": le chiffre de deux milliards d'euros au moins a été évoqué lors d'un débat parlementaire en novembre.
Une étude, qui devra notamment dire s'il sera un jour possible de construire un deuxième tunnel entre Châtelet et la Gare du Nord, malgré la densité de population dans le centre de Paris et l'occupation déjà très forte du sous-sol (tunnels du métro, canalisations d'eau et de gaz, câbles électriques et de télécoms), mais aussi évaluer le coût d'une telle opération, a été lancée en décembre. Elle doit durer douze mois.