HLM de Marseille: la femme du député UMP Renaud Muselier devant le juge... |
L'épouse de Renaud Muselier est convoquée mardi par un juge marseillais dans le cadre d'une affaire de marchés publics présumés frauduleux au sein de l'office HLM de la ville, dans laquelle le député UMP, pourfendeur du "système Guérini", voit une cabale contre lui.
Stéphanie Clément, avocate, est soupçonnée de recel de favoritisme et de prise illégale d'intérêt dans ses prestations pour Habitat Marseille Provence (HMP), l'office HLM municipal. Son avocat n'a pu être joint lundi par l'AFP.
Sa convocation, annoncée ce week-end par le quotidien La Provence, a été confirmée lundi de source proche du dossier.
HMP gère 15.000 logements dans la ville. Sa gouvernance a changé en 2008 avec l'arrivée de proches de M. Muselier, dont le directeur général Jean-Luc Ivaldi, son ancien directeur de cabinet à la mairie.
A l'origine de l'affaire, un rapport de la Mission interministérielle d'inspection du logement social (Miilos) sur HMP avait relevé des "irrégularités" en matière de commande publique, "réalisée sans mise en concurrence", pour des prestations juridiques - d'un montant de 735.000 euros de 2005 à 2009 - ainsi que de recouvrement de loyers ou de communication.
La Miilos avait aussi pointé une indemnité de licenciement de 218.349 euros "indûment perçue" par l'ancienne directrice générale, Nicole L'Hernault.
Après enquête préliminaire de la PJ visant les chefs d'abus de confiance, de favoritisme et de détournement de fonds publics, assortis de recel, une information judiciaire a été ouverte en novembre, élargie en février à des faits de prise illégale d'intérêt.
Depuis, Mme L'Hernault et un avocat élu UMP à la communauté urbaine de Marseille ont été mis en examen. Un autre conseil a été placé sous le statut de témoin assisté par le juge Franck Landou.
Après la révélation de l'affaire en février, M. Ivaldi a nié toute fraude, assurant avoir mis fin à d'éventuels dysfonctionnements, antérieurs à son arrivée, en lançant des appels d'offres. Mais la justice soupçonne un favoritisme, en particulier pour Mme Muselier, malgré le marché passé pour les avocats en 2010, qui fut suivi d'une hausse de sa rémunération auprès de HMP, après deux années de moindre revenu.
"Je ne fais aucun lien entre la nomination de M. Ivaldi et cette augmentation de mon chiffre", s'est déjà défendue devant les enquêteurs l'intéressée, attributaire dudit marché parmi 13 avocats.
Une cadre juridique de HMP a cependant déclaré aux policiers qu'elle avait pour consigne, avant la passation du marché, de réserver à Me Clément 60% des dossiers du contentieux locatif traités en externe.
"Et cela s'est poursuivi de cette manière ensuite", "en pure perte" pour HMP qui pourrait tout traiter en interne, a-t-elle ajouté.
Devant les enquêteurs, Mme L'Hernault a également évoqué des avocats "protégés" car "proches de l'autorité de tutelle", ce que M. Ivaldi qualifie de "fantasme" en expliquant qu'ils sont simplement moins chers et que M. Muselier n'est pas administrateur de l'office HLM.
Au-delà des fraudes présumées, certains témoins expliquent les changements à la tête de HMP, en 2008, par la nécessité de "recaser" des proches de M. Muselier après son échec à la présidence de la communauté urbaine de Marseille.
Interrogé début mars, le député UMP, qui dénonce depuis 2009 une autre affaire de marchés publics touchant au président PS du conseil général Jean-Noël Guérini, s'est dit la cible d'une "agression personnelle et politique": "On veut me détruire", a-t-il accusé.