Huit mois ferme et un mandat de dépôt pour l'auteur de l'alerte à la bombe à la centrale... |
La prison, c'est simple comme un coup de fil. Samedi vers minuit, Abdallah Benyahia, un Saint-Polois âgé de 26 ans, alors qu'il vient de vider une bouteille de vodka, appelle d'abord la police d'une cabine téléphonique en ces termes : « Allô ! Allah Akbar ! Il y a une bombe à la centrale et elle va pêter dans deux heures ». Jusque là, rien d'alarmant. La police prend ça comme une mauvaise blague. Quelques minutes plus tard, ce sont les pompiers qui recoivent un coup de fil : « Allô ! Allah Akbar ! Il y a une bombe dans le réacteur 6. Elle va pêter dans cinq minutes ».
« Et là, tout le monde s'est mis sur le pied de guerre », relate la présidente. La procédure d'alerte terrotiste est lancée. Évacuation d'une centaine de salariés, dispositif de recherches, arrêt des opérations de maintenance sur le réacteur 6... Il aura fallu près de dix heures avant que l'exploitation de la centrale retrouve un fonctionnement normal.
« Là, je me rends compte que j'ai fait une grosse connerie », a déclaré Abdallah, jugé hier en comparution immédiate. « Mais je suis prêt à réparer, à tout rembourser », ajoute-t-il. Au moment où il parle, EDF, qui s'est constitué partie civile, n'a pas encore présenté l'addition : 400 000 E de perte d'exploitation.
« Je voulais embêter mon beau-père »
« Pourquoi avoir à chaque fois prononcé "Allah Akbar" », s'intéresse la présidente. « Ben c'est connu, on l'entend tout le temps à la télé ».
Malgré un petit casier judiciaire pour des vols, des stups, des dégradations, des menaces de mort et des conduites sans permis, Abdallah n'a pas l'air d'un mauvais bougre. Il se confond en excuses.
Lui-même a fait des contrats en Intérim sur le site nucléaire et comptait se faire de nouveau embaucher, après un avis favorable de la préfecture.
« Pourquoi avoir lancé cette alerte alors que la centrale vous a déjà fait travailler et que vous comptiez y retourner. Vous n'avez rien contre eux ? ». « Non, au contraire. En fait, je voulais embêter mon beau-père. Il travaille actuellement sur la maintenance du réacteur 6. Il n'accepte pas ma relation avec sa fille, par racisme. Je voulais lui causer des problèmes. Je ne pensais pas qu'ils allaient évacuer toute la tranche du réacteur. Sur le moment, j'ai pas mesuré ce que je faisais », explique Abdallah, qualifié de « complètement irresponsable » par le parquet qui réclame douze mois dont quatre avec sursis et une incarcération immédiate. Une peine appliquée à la lettre par le tribunal. EDF présentera la facture au prévenu le 1er décembre, lors d'une audience de liquidation des intérêts civils.