Cycisme - Jérôme : « La tête ne suivait plus »1 |
Tour de France. Le Mayennais Vincent Jérôme suit désormais l'épreuve de loin. Il l'a abandonnée, meurtri, le jour de l'enterrement de son grand-père.
J'ai appris le décès de mon grand-père pendant le Tour, durant la traversée des Alpes. J'ai abandonné le jour de son enterrement. Ce n'était pas simple pour moi d'être en course ce jour-là . Moralement, c'était trop compliqué, même.
Vous étiez touché à ce point ?
Il comptait beaucoup pour moi, c'était un peu grâce à lui, à ce côté-ci de ma famille, que je m'étais mis au vélo. Je n'ai pas pu le revoir avant le départ du Tour, trop de choses faisaient que c'était trop difficile de continuer. Je ne pensais qu'à ça, je n'étais plus concentré sur ce que je devais faire.
Auriez-vous pu continuer ?
On a discuté avec ma famille, mon amie. Ils me disaient que mon grand-père aurait voulu que je continue, que ça ne servait à rien d'arrêter. Mais je ne pouvais pas. En plus, mes proches n'ont pas pu venir me voir, comme c'était prévu. Seule ma soeur a pu faire l'aller-retour le jour de l'arrivée au Cap d'Agde. Le lundi, l'étape est partie très vite, tellement vite que j'ai été vite décroché. J'ai essayé de ne pas m'éloigner trop du peloton, en me disant que je recollerais peut-être si ça ralentissait. Mais ça n'a pas été le cas. Au km 50, je me suis arrêté.
« Voeckler, c'est un champion, pas un coureur »
C'est un Tour à oublier pour vous ?
Non, car ça reste un Tour, mon 2e. J'ai beaucoup bossé au début pour protéger Pierre Rolland, le remonter, l'abriter du vent. C'était mon rôle. J'étais un travailleur de l'ombre, mais il en faut. Je pense que l'équipe est satisfaite de ce que j'ai fait, même s'il y a le bémol de mon abandon. Je suis fier d'avoir bossé pour Pierre, qui peut entrer dans le Top 10 malgré une chute où nous avons perdu deux minutes. Mais ce jour-là , j'avais contribué à limiter la casse.
Physiquement, vous étiez encore bien ?
Je pense que j'avais les jambes pour aller à Paris, oui. Même si je traînais un début de bronchite, que je commençais à être un peu fatigué. Mais on était à la veille de la journée de repos. En fait, le Tour est tellement dur, tellement ingrat, que quand tu es un peu moins bien dans un domaine, tu le payes.
Ne regrettez-vous pas de n'avoir pu prendre une échappée ?
Si, un peu, on avait le droit d'aller dans les coups. Je m'étais mis en tête certaines étapes, en fait il faut sans doute vivre au jour le jour.
Le Tour que réalise Thomas Voeckler vous surprend-il ?
Non, plus rien ne m'épate chez lui. Il y a des coureurs, lui c'est un champion, comme Hinault, Jalabert. Il est à son niveau, celui auquel on le connaît depuis 2004. D'accord, au début du Tour il avait mal à son genou. Vraiment. Mais nos ostéos l'ont bien soigné, même s'il y aura toujours des malins pour dire que Thomas a fait du chiqué.
Comment avez-vous vécu la polémique autour des Europcar avant le départ du Tour ?
Lire que des soupçons de dopage pesaient sur notre équipe, ça a fait mal, c'était bizarre. Non, il n'y a pas d'utilisation de corticoïdes chez nous. Il y a une enquête, mais nous sommes sereins. En tout cas, ça m'a un peu amené à changer ma position. Je me suis permis de parler assez vite sur certains coureurs, je me rends compte qu'il faut attendre les conclusions d'enquête, notamment pour Di Gregorio ou Franck Schleck.
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