Arabie saoudite. Quelques drones font trembler la planète pétrole... |
Au-delà d’une légère hausse du prix des carburants, le bombardement d’une usine pétrolière géante en Arabie saoudite par des drones fait redouter un embrasement au Moyen-Orient.
Des drones armés de missiles ont à nouveau bombardé et endommagé, samedi 14 septembre à l’aube, des installations pétrolières, dans l’est de l’Arabie saoudite. L’attaque est revendiquée par les rebelles Houthis, contre lesquels les Saoudiens mènent une guerre au Yémen voisin. Les États-Unis qui ont accusé l’Iran d’en être responsable.
Une hausse de 5 centimes à la pompe
Conséquence immédiate des attentats de samedi : le prix du litre devrait grimper de 3 à 4 centimes. Soit une hausse de 3,5 %. C’est moins que les + 10 % enregistrés lundi sur le prix du brut, qui atteignait 67 dollars. Nul ne peut dire si la hausse se poursuivra. Mais il n’y a pas de risque de pénurie, grâce aux stocks de précaution en France et un peu partout dans le monde, y compris en Arabie saoudite.
Les taxes amortissent les prix
En France, le prix du carburant à la pompe augmente moins que celui du pétrole. Le coût du produit pétrolier ne réprésente que 40 % du prix à la pompe. Le reste, ce sont des taxes fixes, qui amortissent les variations du brut, à la hausse comme à la baisse.
Un marché hyper réactif
Comment une attaque sur deux sites pétroliers peut-elle faire flamber le cours mondial du pétrole ? Parce que les pays producteurs (auxquels il rapporte entre 1 500 et 3 000 milliards de dollars par an) veillent à ajuster l’offre et la demande. Or, sur une production mondiale de 100 millions de barils par jour, l’Arabie Saoudite vient de perdre une capacité de production de 5,7 millions.
Trois coups terribles pour l’Arabie saoudite
Premier impact, les bombardements ont neutralisé l’usine de Abqaiq, la plus grande de ce type au monde. Elle traitait 60 % de la production de l’Arabie saoudite, elle-même premier exportateur au monde.
Deuxième impact, l’Arabie saoudite était le seul pays pétrolier dont les installations lui permettaient d’ouvrir les vannes à or noir en cas de déficit mondial. Ce rôle n’est plus joué par personne.
Troisième impact et non le moindre : faire trembler les investisseurs en Arabie saoudite. Total, par exemple, y possède sa plus grosse raffinerie, et s’apprête à y construire un énorme complexe pétrochimique. Or l’homme fort du royaume, Mohamed ben Salmane, a pour projet de faire entrer en bourse la compagnie pétrolière nationale, Saudi Aramco.
A qui profite le crime ?
À tous les pays pétroliers. Même à l’Iran. Ses réserves de pétrole équivalent à la moitié de celles de l’Arabie saoudite. Mais l’embargo, imposé par les États-Unis en novembre, devenu total en mai, bloque ses exportations de pétrole et l’étrangle à petit feu. Le peu qui en sort clandestinement rapportera donc davantage. Mais surtout, même sans rien reconnaître, la république des mollahs a lancé un message : après les incidents mineurs dont elle est sans doute à l’origine depuis le début de l’embargo, elle a montré qu’elle peut frapper beaucoup plus fort. Si les Saoudiens ou les États-Unis ripostent, l’embrasement ne se mesurera plus en centimes à la pompe.