Cancer. Un traitement révolutionnaire autorisé1 |
Deux thérapies ciblant des cancers du sang vont être plus largement accessibles. La technique, dite des CAR-T, est en plein développement. Depuis vendredi, deux hôpitaux parisiens sont déjà labellisés pour ces traitements.
« Les effets peuvent être spectaculaires. Des enfants qu’on pensait perdre dans les trois mois sont vivants deux ans après. C’est juste formidable », dit le professeur André Baruchel, chef du service hématologie de l’hôpital Robert-Debré, à Paris.
Fin juillet, l’agence française du médicament a délivré une autorisation temporaire d’utilisation pour deux produits américains, Kymriah (Novartis) et Yescarta (Gilead). Le premier cible initialement une leucémie aiguë de l’enfant, le deuxième un lymphome « dit à grandes cellules B » de l’adulte.
Une trentaine de patients déjà soignés à Paris
Tous deux utilisent la technique des cellules CAR-T, qui consiste à modifier génétiquement des cellules du système immunitaire du malade, afin qu’elles ciblent les cellules cancéreuses. « Comme si on les équipait d’un harpon. Quand la cellule CAR-T harponne, elle se multiplie. »
Depuis vendredi, deux hôpitaux de l’AP-HP, Robert-Debré et l’hôpital Saint-Louis, sont labellisés pour ces traitements. Ils ont l’expérience d’avoir participé aux protocoles expérimentaux : une trentaine de patients y ont été soignés depuis deux ans.
Un traitement « complexe, lourd et cher »
« C’est un traitement complexe, lourd et cher », souligne le professeur Baruchel. Avec de puissants effets secondaires. Un quart des patients doivent passer plusieurs semaines en soins intensifs.
Combien de malades français seront concernés ? Sans doute quelques dizaines en 2019, peut-être des centaines en 2025, avance le professeur. Le traitement n’est, pour l’heure, accessible qu’en dernier recours. Après deux échecs.
Dans le cas de la leucémie aiguë, qui touche quatre cents petits Français par an, « 85 % des enfants sont soignés avec succès par la chimiothérapie ». Des essais thérapeutiques visent à évaluer si la thérapie CAR-T peut être supérieure à une greffe de moelle osseuse, recours classique en cas de rechute.
Vers un traitement au coût acceptable ?
La recherche sur des CAR-T, dans laquelle l’industrie pharmaceutique investit lourdement, vise maintenant d’autres cancers. Des essais, avancés, cherchent également à utiliser des CAR-T « allogènes », sans avoir besoin des cellules du malade.
De quoi atteindre, à l’avenir, un coût de traitement acceptable ? Aux États-Unis, un traitement par Kymriah est facturé 475 000 dollars. La négociation, avant une future autorisation de mise sur le marché qui le banalisera en France, sera tendue.
formidable nouvelle quel merveilleux espoir.