Hommage aux victimes du terrorisme : le 11 mars ou le 19 septembre ?... |
Quelle date choisir pour rendre hommage aux victimes du terrorisme en France ? Le comité mémoriel vient de proposer le 11 mars. L’association française des victimes du terrorisme souhaite, elle, maintenir la date du 19 septembre.
Il y a quelques jours, dans son rapport rendu à la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, le comité mémoriel a proposé que soit retenue la date du 11 mars pour rendre, chaque année, un hommage aux victimes du terrorisme. Cette date fait référence à l’attentat commis le 11 mars 2004, à la gare madrilène d’Atocha (191 morts et 1 900 blessés). Et depuis 2005, la Commission européenne commémore chaque année à cette date les victimes des atrocités commises par les terroristes.
Le comité mémoriel souhaite donc que l’hommage qui sera rendu en France, s’inscrive dans un cadre européen : « Dans la perspective de la prolongation et du renforcement de la construction européenne, c’est une évidence pour tous que le défi du terrorisme appelle une réflexion et des solutions communes. La mémoire n’y échappe pas », écrit-il dans son rapport.
Ce dernier souhaite par ailleurs une date qui « résiste à l’usure du temps ». Et le comité de préciser : « Au fil des auditions, il est apparu que le choix d’une date qui renverrait à un attentat particulier faisait redouter aux associations de victimes que d’autres dates finissent par s’effacer de la mémoire collective. »
Le même jour qu’en Europe ?
Ce n’est pas l’avis de l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT) qui, elle, organise chaque année un hommage le 19 septembre.
La dix-neuvième édition de cette cérémonie aura lieu dans quelques jours, à Paris aux Invalides, en présence d’Emmanuel Macron. Cette date faisant, elle, référence à l’attentat commis en 1989 sur le vol UT-772 reliant Brazzaville, République du Congo, à Paris : 170 passagers et membres d’équipages avaient trouvé la mort au-dessus du Niger.
« L’hommage européen a lieu le 11 mars à Bruxelles ou à Madrid. Si on organise un hommage national, en France, le même jour, ce sera un casse-tête. Et cet hommage dont on parle déjà assez peu, serait encore moins visible », estime Guillaume Denoix de Saint-Marc, le président de l’AFVT, qui précise que « la plupart des associations de victimes sont favorables au 19 septembre ».
Ce n’est pas l’avis de Françoise Rudetzki, fondatrice de SOS attentats. Cette année, le 19 septembre correspond à la fête de Yom Kippour (le jour du Grand pardon pour les juifs) : « Cela revient à exclure une partie des victimes », s’insurge-t-elle dans le JDD. « J’ai été en contact avec le Crif sur ce point. On pensera fortement aux victimes juives aussi », assure Guillaume Denoix de Saint-Marc.
C’est désormais au président de la République d’arrêter une date, sachant que l’ONU a aussi instauré une journée internationale des victimes du terrorisme, le 21 août. Cette date fait référence à l’attentat contre le siège des Nations Unies à Bagdad (Irak) le 19 août 2003, qui avait fait 22 morts. Mais, le 19 et le 20 août étant déjà des journées internationales, les responsables ont décidé de décaler cet hommage de deux jours.