Jeunes, intégrés, venus de toute la France : qui sont les Gilets jaunes jugés pour les violences à Paris ?1 |
Parmi les 363 personnes placées en garde à vue ce week-end suite aux violences à Paris, au moins 57 devaient être jugées lundi devant le tribunal correctionnel. Plusieurs ont obtenu le renvoi de leur procès à une date ultérieure, d’autres ont été condamnées à des peines allant jusqu’à de la prison ferme.
Des hommes souvent jeunes, intégrés, venus de toute la France : les Gilets jaunes jugés lundi après-midi à Paris en comparution immédiate après les violences de samedi dans la capitale sont issus d’horizons disparates.
Beaucoup d’entre eux sont bien loin du profil-type du casseur ou du délinquant. Dans le box, certains prévenus expliquent peiner à boucler les fins de mois en raison de petits salaires, de crédits ou « des impôts », d’autres vivent plus confortablement.
Certains ont certes un casier judiciaire déjà rempli mais d’autres manifestaient pour la première fois samedi. La plupart assurent qu’ils étaient venus pacifiquement et disent regretter la tournure prise par les événements.
Stéphane « aurait aimé que les CRS se mettent du côté du peuple »
À l’audience, ce boucher de 45 ans sans antécédents judiciaires se présente avec un œil au beurre noir bien visible : « J’ai reçu des coups et je n’avais pas pris mon casque ».
C’était la « première manifestation de cette envergure » pour ce père divorcé d’un fils adolescent, originaire des Hautes-Alpes, propriétaire de sa maison, qui gagne 1 200 € par mois dans un abattoir et se dit très endetté.
Il a été interpellé après avoir foncé tête baissée sur un cordon de CRS. À l’audience, il s’excuse : « J’aurais aimé que les CRS viennent nous serrer la main et se mettent du côté du peuple ». Dans son sac, un casque de bûcheron et un couteau Opinel, « pour couper mon saucisson ou mon fromage ».
Il a été condamné à quatre mois ferme, sans maintien en détention.
Les cinq copains interdits de séjour à Paris pendant un an
Jérémy, Billy, Geoffroy, Frédéric et Maxime, âgés de 25 à 34 ans, ont été interpellés alors qu’ils arrivaient tout juste de banlieue pour manifester et se partageaient des masques et du sérum physiologique.
Les quatre premiers, tous embauchés en CDI dans une grande entreprise d’aéronautique, gagnent plus de 2 000 € par mois, et leur ami Maxime, cariste, 1 300 €. Tous expliquent avoir des difficultés financières : emprunts, famille à charge ou « les taxes »…
Ils seront interdits de séjour à Paris pendant un an. Jérémy et Billy, qui transportaient les pétards, écopent de 8 mois avec sursis ; Geoffroy, en état de récidive, de trois mois ferme ; Maxime et Frédéric de quatre mois avec sursis.
Samedi, « c’était la guerre » pour Steven
Ce jeune homme de 24 ans, originaire de la Nièvre, a été arrêté samedi soir avec un casque venant d’un magasin Décathlon pillé avenue de Wagram, qu’il dit avoir ramassé au sol pour se protéger. Embauché en CDD, il dit gagner moins de 1 100 € par mois et connaître de « petites difficultés financières ».
« C’était la guerre », « ça m’a bien déçu des manifestations », assure-t-il.Déjà condamné pour vol, il a été condamné à trois mois avec sursis.
Mickaël, le « black bloc »
Mickaël, natif du Rhône, a été interpellé gare de Lyon à Paris vendredi, en possession de « l’équipement classique du black bloc » selon l’accusation : sweat à capuche ACAB (All Cops Are Bastards, « tous les flics sont des bâtards »), cotte de mailles, casque, lance-pierres, 250 billes de plomb.
Ce SDF de 30 ans avait aussi laissé des messages sur des pages Facebook de black blocs pour savoir où se trouvait le rassemblement « officiel ».
Déjà condamné en 2010, il s’est vu infliger 6 mois de prison, dont 3 mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, peine assortie d’une obligation de trouver une résidence et de chercher un emploi. Il dormira en prison.
Jérémy connaîtra son sort en janvier
Jérémy, 18 ans, étudiant en contrôle de gestion qui vit chez ses parents dans le Val d'Oise, est étudiant dans une école de commerce et travaille en alternance à la Poste, pour 1 500 € par mois.
Poursuivi pour avoir « participé à un groupement » en vue de violences ou de dégradations, avec le visage caché, consommation de stupéfiants et construction de barricades sur la voie publique, il a obtenu le renvoi de son procès au mois de janvier.
Les audiences doivent se poursuivre lundi soir et mardi.
C'est tout de même curieux la description de certains profils. Des gens modestes animés par une certaine colère, loin du genre "casseur" dont on nous rebattait les oreilles, samedi-dernier. A moins que, les vrais casseurs étaient assez malins pour ne pas tomber dans les filets de la police.