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Mayotte. La plus grande maternité de France croule sous les naissances

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photo la maternité de mamoudzou a enregistré près de 10000 naissances en 2017. 1

La maternité de Mamoudzou a enregistré près de 10000 naissances en 2017. © Valérie PARLAN/Ouest-France.

Près de 10 000 naissances ont été enregistrées l’an passé à la maternité de Mamoudzou, la plus grande de France. Plus de 25, en moyenne, par jour. Un chiffre en constante augmentation. Le personnel soignant s’active pour que les mères et leurs enfants repartent en bonne santé. Il fatigue aussi.

La maternité de Mamoudzou, à Mayotte, et les quatre dispensaires qui en dépendent, sont en surchauffe. En 2017, 9 674 nouveaux nés y vont vu le jour. Ce sont près de 700 naissances de plus qu’en 2015 et surtout 2 300 naissances de plus qu’en… 2014. Ce qui vaut à Mamoudzou le titre non voulu de « plus grande maternité de France », et probablement d’Europe.

Les raisons sont connues. Ces dernières années, le 101e département français a enregistré une forte croissance démographique. En septembre 2017, selon l’Insee, 256 518 personnes vivaient à Mayotte, soit 43 900 habitants de plus qu’en 2012. « Au total, la population mahoraise a doublé en l’espace de vingt ans », résume l’institut. Cette hausse s’explique en partie par l’afflux d’étrangers, notamment de Comoriens. En 2015, les natifs des Comores représentaient 42 % de la population du département. Beaucoup sont en situation irrégulière.

Dans ce contexte, la maternité tente de faire face au flux parfois ininterrompu de femmes enceintes. « En 24 heures, on peut devoir gérer jusqu’à 50 accouchements », observe Caroline, une sage-femme de 25 ans, originaire de Lorraine, en poste depuis deux ans au centre hospitalier. Ce travail « éprouvant » laisse peu place « à l’humain ». Le rythme est intense et la jeune sage-femme aimerait pouvoir se mettre sur pause « pour avoir le temps de parler » avec les patientes. « Quand on rentre chez soi, c’est parfois dur. On sait qu’on a oublié de faire certaines choses… Mais notre priorité, c’est de les garder tous vivants, en bonne santé », relate Caroline.

« Beaucoup de femmes n’ont pas été suivies »

Pour le personnel soignant, toute la difficulté est de s’occuper au mieux de ces femmes. Quelques-unes, peu nombreuses, durant leur grossesse, ont pu se faire suivre par des sages-femmes libérales. Les autres qui ne bénéficient pas de la sécurité sociale, sont suivies par le service de la protection maternelle et infantile (PMI). « Mais ce suivi est partiel. Beaucoup de femmes arrivent, en fait, sans avoir été suivies et, parfois, sans même avoir eu une échographie », observe Caroline. D’où des accouchements souvent délicats à appréhender et à effectuer. Et ce, d’autant plus que s’y ajoute la barrière de la langue : de nombreuses patientes ne parlent pas français et le personnel expatrié à Mayotte ne parle pas le mahorais ou le comorien. Caroline doit ainsi travailler en doublon avec une auxiliaire de puériculture mahoraise. « Mais ces dernières sont en sous-effectifs… »

Pas assez de sages-femmes

Une fois les bébés nés, il faut gérer un nombre de lits insuffisant. Les femmes qui ne présentent pas de risques hémorragique ou cardiaque et dont l’enfant se porte bien, sont rapidement envoyées dans l’un des quatre dispensaires. Les autres restent au centre hospitalier, seul établissement à disposer d’un bloc opératoire et de médecins obstétriciens. Elles sont parfois quatre dans des chambres de deux.

Si les lits manquent, les effectifs aussi. La maternité dispose d’un budget et d’autorisations pour employer 170 sages-femmes, 15 gynécologues-obstétriciens et deux assistants. Le personnel soignant est en réalité composé de 157 sages-femmes, 12 gynécologues et un assistant. « L’arrivée prochaine de nouvelles sages-femmes complétera nos équipes », assure la direction de l’hôpital. Malgré tout, l’établissement peine à recruter. « Avec l’insécurité et la suractivité à l’hôpital, Mayotte n’attire pas spécialement. Et le personnel soignant qui vient y travailler, s’il est très investi, repart souvent au bout d’un an », note Elodie, 30 ans, infirmière venue de Picardie, il y a deux ans. Dans son service de réanimation qui soigne aussi bien les adultes que les nourrissons, « il n’y a que quatorze lits pour toute l’île et pour tous ceux qui viennent de l’extérieur ».

« En métropole, on n’aurait jamais toléré ça »

Or, ces dernières semaines, avec les actions de blocage, la situation s’est davantage tendue. L’organisation de navettes vers les dispensaires n’a pas toujours été possible. « Il y a des femmes qu’on a fait partir de l’hôpital très rapidement : un jour seulement après l’accouchement, elles ont dû rentrer chez elles. On n’a pas eu le choix. D’autres patientes arrivaient… En métropole, on n’aurait jamais toléré une telle situation », rage Caroline.

Aujourd’hui, celle-ci ne cache pas commencer à être lassée par cette situation tendue. Elle enchaîne souvent deux journées de travail de douze heures chacune (7 h-19 h ou 19 h-7 h), suivies de deux ou trois jours de repos. Parfois moins si le nombre d’arrêts maladie est trop important parmi ses collègues. D’ici à un an, elle devrait être titularisée. Elle envisage alors de se mettre en disponibilité quelques années pour aller exercer ailleurs, « avant de revenir à Mayotte ». Elodie, elle, pensait encore rester près d’un an sur l’île. Depuis quelques semaines, elle s’interroge…

 
Pierrick BAUDAIS.   Ouest-France  

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