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TÉMOIGNAGES. « Je me sens vidée » : comment vont les athlètes deux mois après les JO ?

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photo  romain cannone, allison pineau et samir aït saïd donnent des nouvelles à prolongation de leur corps et tête, deux mois après les jeux olympiques. 4

Romain Cannone, Allison Pineau et Samir Aït Saïd donnent des nouvelles à Prolongation de leur corps et tête, deux mois après les Jeux olympiques. © AFP

Malgré une fatigue toujours présente, des sollicitations médiatiques encore nombreuses et de courtes vacances, l’heure de la reprise a sonné pour de nombreux athlètes qui ont participé aux Jeux olympiques de Tokyo. À quoi ressemble leur quotidien depuis leur retour du Japon ? Comment le corps et la tête se relancent-ils ? Un mois et demi après la clôture des Jeux, Prolongation a donné la parole à trois champions : Allison Pineau, Romain Cannone et Samir Aït Saïd.


Allison Pineau, Romain Cannone et Samir Aït Saïd ont tous les trois participés aux Jeux olympiques de Tokyo. Les deux premiers sont revenus avec une breloque dorée, le gymnaste, lui, a échoué au pied du podium. Mais au retour du Japon, ils ont tous eu la même sensation : la fatigue. Deux mois après la compétition, ils évoquent le retour à la vie normale et la complexité de se remettre à l’entraînement.

« Je me sens vidée »

Allison Pineau, 32 ans, handballeuse. Championne olympique à Tokyo, vice-championne olympique à Rio, quart de finaliste à Londres.

« La période après les Jeux olympiques est compliquée. On ne peut pas savourer notre médaille car le championnat d’handball reprend très vite. Au retour, on est pris dans une machine à laver : on est traversé par différentes émotions, la fatigue, physique et mentale, prend aussi beaucoup de place. Mais on n’a pas le temps de faire le vide, ni de se régénérer pour mieux repartir.

Aujourd’hui, je me sens vidée. J’ai l’impression de tout subir, d’être là sans être là. Je n’ai pas pu recharger les batteries, ni me laisser traverser par mes émotions pour sortir de ce moment olympique. J’ai constamment des hauts et des bas. J’ai vécu trois olympiades et à chaque fois, j’ai trouvé difficile d’enchaîner avec la saison derrière. Psychologiquement, les Jeux ont un impact très fort. La pression, les sacrifices, tout ce qu’il se passe durant la compétition font des Jeux un monde à part. Les gens ne mesurent pas cet effort.

photo allison pineau avec la médaille d’or obtenue lors deux jeux olympiques de tokyo.  ©  afp

Allison Pineau avec la médaille d’or obtenue lors deux Jeux olympiques de Tokyo. AFP

Je pense que l’après-JO est encore plus difficile après avoir gagné l’or. À Rio, l’amertume de la médaille d’argent m’avait donné beaucoup de motivation. J’avais une rage en moi qui m’avait aidée à repartir.

Concrètement, nous sommes rentrées le lundi 9 août. J’ai répondu aux sollicitations pendant une semaine. J’ai essayé de décompresser et de fêter le titre avec mes proches : ce qui m’a permis de retomber un peu. Et le jeudi d’après, j’étais de retour en club (à Ljubljana, en Slovénie NDLR). J’ai repris le hand seulement neuf jours après la finale. Et une fois en club, même si la reprise est douce, il faut revenir aux entraînements, respecter les horaires.

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Il faudrait que les instances internationales décident de ne pas faire jouer de compétitions internationales l’année après les JO, de manière à décaler les championnats et ainsi donner du temps aux athlètes. Cet enchaînement de compétitions nous expose aux blessures. Je sais que je vais traîner cette fatigue physique et psychologique sur plusieurs mois. Et je ne serai pas surprise de voir des joueuses en état dépressif. C’est quelque chose dont on parle entre nous car nous sommes nombreuses à ressentir la même chose. En parler apporte du réconfort. »

« Je ne suis pas fait pour les plateaux télé »

Romain Cannone, 24 ans, escrimeur. Champion olympique à Tokyo, à l’épée.

« La période post-olympique se résume en un seul mot : intense. Comme la reprise d’ailleurs. En rentrant de Tokyo, je n’ai pas senti les onze heures de décalage horaire. J’ai atterri à Paris à 5 h 30 et une heure plus tard, j’étais sur un plateau télévisé. Après, on m’a emmené faire le tour des médias, puis directement au Trocadéro pour la cérémonie de présentation des médaillés. Pendant une semaine, j’ai enchaîné les plateaux TV et les soirées avec mes amis. Je dormais trois ou quatre heures par nuit. J’étais dans l’euphorie. Quand je me suis posé à la montagne, j’ai réalisé à quel point j’étais fatigué.

La préparation olympique est déjà nerveusement très dure. Chaque membre de l’équipe rêve des JO. Cela peut créer des tensions au quotidien dans le groupe. D’ordinaire, on s’arrête en juin et on décompresse en juillet et août. Là, il a fallu s’entraîner à fond tout juin et juillet. Cela demande beaucoup au corps et à la tête.

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Au retour de Tokyo, je ne savais pas combien de temps j’allais être retenu sur Paris donc j’ai improvisé. Après une semaine et demie, j’ai dit stop aux sollicitations. Il fallait que je pense à la saison prochaine et que je fasse du jus. Si j’arrivais épuisé en septembre, je risquais la blessure. J’ai pris deux semaines de vacances pour voir ma famille et aller à la montagne.

photo romain cannone, avec les autres médaillés français, a été reçu par le président de la république, début septembre.  ©  afp

Romain Cannone, avec les autres médaillés français, a été reçu par le président de la République, début septembre. AFP

J’ai repris début septembre l’entraînement physique ainsi que les études, en master 2 à la Skema, en audit et comptabilité. Je suis heureux de reprendre car c’est une nouvelle aventure qui commence, avec de nouveaux coachs. Même si j’ai remporté la compétition que j’ai toujours rêvé de gagner, je n’ai qu’une envie : la refaire. Mais je ne suis pas encore pressé de reprendre l’escrime car on en mange toute l’année. Par contre, j’ai hâte de retrouver la compétition.

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En septembre, j’ai encore été très sollicité médiatiquement. Je n’ai pas refusé car derrière j’espère décrocher des sponsors. Je n’en ai pas aujourd’hui. Mais j’ai un emploi du temps chargé, alors quand j’y ajoute les demandes des médias ou des événements, mon temps libre est grignoté et je suis fatigué. Je pense diminuer petit à petit les sollicitations, car sinon je ne vais pas tenir une saison complète. Je reste un athlète avant tout, je ne suis pas fait pour aller sur les plateaux télé. »

« Le plus important est de me retaper »

Samir Aït Saïd, 31 ans, gymnaste. 4e aux anneaux aux Jeux olympiques de Tokyo.

« Le retour des Jeux olympiques ? C’est encore très sport. De mon côté, il a été rythmé par les retrouvailles en famille, les sollicitations médiatiques et les soins pour mon bras. Ce n’était donc pas de tout repos.

J’étais très heureux de retrouver ma famille que je n’avais pas vu depuis un mois. Et un mois, quand on est, comme moi, papa d’un petit bébé, c’est relativement long. Après, bien sûr, il a fallu enchaîner les déplacements pour répondre à toutes les sollicitations, rendre visite à mes partenaires et retourner dans mon club. Comme je me suis fait une déchirure au bras en finale, je n’ai pas eu d’autre choix que de couper totalement avec la gym. J’essaye quand même de courir pour m’entretenir, même si je n’y vais pas autant que je le souhaiterais.

Désormais, le plus important est de me retaper. Aujourd’hui, je suis fatigué à cause des cinq années de préparation intense. Mais dans mon corps et surtout dans ma tête, tout va bien. Et c’est le principal : car s’il y a un souci au niveau mental, tu auras beau être le plus prêt et motivé possible, ça va pêcher quoi qu’il arrive.

photo samir aït saïd s’est blessé au bras lors des derniers jeux olympiques de tokyo.  ©  afp

Samir Aït Saïd s’est blessé au bras lors des derniers Jeux olympiques de Tokyo. AFP

Une préparation olympique, c’est très long. Pour Tokyo, elle a duré cinq ans et non quatre (à la suite du report à cause de la crise sanitaire, NDLR), donc le corps a été mis à rude épreuve. Là, il est vraiment temps de se ressourcer et de se requinquer, avant d’attaquer la préparation de Paris 2024. Il faut bien comprendre que le repos fait aussi partie de la performance. Il appartient à chaque athlète de jauger le temps nécessaire de coupure.

Après Tokyo, je n’ai pas ressenti de vide. Peut-être parce que j’arrive à faire la part des choses entre ma vie sportive et ma vie familiale. Pour moi, le plus important, c’est la famille et la santé. Mon père disait toujours : « Le sport, ce n’est que du sport ». Et les Jeux olympiques, ce n’est que du sport. »

 
Propos recueillis par Anaïs BROSSEAU.    Ouest-France  

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