Le prix des carburants flambe : à qui la faute ?... |
Alors que l’exécutif n’exclut pas un geste envers certains automobilistes pour calmer la grogne qui monte face à la hausse des prix de l'essence et du diesel, reposons les termes de l’équation : qui est responsable de cette flambée ? L'Etat et ses taxes, les distributeurs, le prix du baril de pétrole, la forte demande mondiale ?
La grogne contre la hausse du carburant s'amplifie. Les appels au blocage du pays le 17 novembre se multiplient mais le gouvernement tient bon. Emmanuel Macron affirme qu'il « assume parfaitement »...même s'il n'exclut pas un geste pour certains automobilistes.Une réunion interministérielle s'est tenue lundi 5 novembre sur le sujet. Mais qui est responsable de cette augmentation du prix de l'essence et du diesel ?
1. La faute à l'État ?
Beaucoup d’internautes incriminent les taxes, qui représentent deux tiers du prix de litre de carburant. Leur montant a augmenté en raison de la taxe carbone.
Mise en place sous le mandat Hollande, elle a été renforcée par le président Macron. Destinée à inciter les automobilistes à changer leurs habitudes, la taxe carbone se traduit par une hausse du prix au litre chaque année en janvier. La prochaine augmentation aura lieu début 2019 : plus 6,5 centimes pour le diesel et plus 2,9 centimes pour le sans plomb 95.
Cependant, sur un an, la hausse des taxes ne représente que le tiers de l’augmentation du litre de gazole (le cinquième pour le sans plomb). C’est ce qui ressort des données de l’Ufip (Union française des industries pétrolières).
Le litre de gazole est passé de 1,24€ (en octobre 2017) à 1,51€ (la semaine dernière). Cette progression de 27 centimes n’est due qu’à hauteur de 8 centimes à la hausse des taxes. Pour le sans plomb 95 (1,54€), l’augmentation de 20 centimes n’est imputable aux taxes qu’à hauteur de 4 centimes.
2. La faute au pétrole ?
L’essentiel de la hausse provient donc du prix du pétrole brut. Le baril (159 litres) de Brent de Mer du Nord est passé de 60 dollars il y a un an à 85 dollars le mois dernier. Cela a accru de 21 centimes le prix du litre de gazole et de 17 centimes celui du sans plomb. « La remontée des prix est due à un accord fin 2016 entre les pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs) et 10 pays non Opep dont la Russie, pour diminuer la production », analyse Francis Perrin, directeur de recherches à l'Institut de relations internationales. Quand l'offre baisse, les prix augmentent.
La tension entre les États-Unis et l’Iran a encore accru les incertitudes sur la production. L'embargo américain contre l’Iran est entré en vigueur lundi 5 novembre. On assiste pourtant à une détente sur le prix du Brent. Il est descendu à 75 dollars. « Les Etats-Unis ont autorisé huit pays à continuer à importer temporairement du pétrole iranien », poursuit Francis Perrin. Bref, en dépit de ses coups de menton, Donald Trump se montre conciliant. De quoi espérer une baisse des prix à la pompe en France d’ici la mobilisation du 17 novembre.
3. La faute à la hausse de la demande ?
La demande mondiale est tirée par la Chine et l'Inde. « On atteint un record de 100 millions de barils par jour », indique Francis Perrin. Cela fait monter les prix. Mais le consommateur français n'est pour rien dans cette hausse. Sa demande de pétrole baisse. La consommation de carburant a diminué de 2% dans l'Hexagone de janvier à septembre 2018 (par rapport aux mêmes mois de 2017). Pas sûr cependant que cela traduise la révolution du comportement, souhaitée par le gouvernement. L’Ufip note une « forte augmentation des achats transfrontaliers ». En clair, on achète notre carburant chez les voisins.
4. La faute aux distributeurs ?
Leur marge nette « est en moyenne autour de 1 à 2 centimes par litre, indique l'Ufip. Ce montant évolue peu. »
Lundi, Carrefour, Leclerc et Intermarché ont annoncé qu’ils allaient distribuer des carburants à prix coûtants pour une période limitée, afin d'atténuer la colère de leurs clients. « Cette grogne est légitime », a estimé Michel-Édouard Leclerc.