« Il fallait reprendre notre destin en mains » : nouvelle ère pour le foot français avec Ligue 1 +

On n’est jamais mieux servi que par soi-même, paraît-il. Après les échecs successifs des diffuseurs Mediapro (2020), Amazon (2021-2024) et DAZN (2025), la Ligue de football professionnel (LFP), en quête de stabilité, a fait le choix de lancer son propre média pour retransmettre son produit phare, la Ligue 1.

Cette nouvelle chaîne a été présentée jeudi 10 juillet, au siège de la LFP, en présence de Vincent Labrune, le président de l’instance, de Nicolas de Tavernost, directeur général de LFP Media, mais également du président de la FFF, Philippe Diallo, et de plusieurs dirigeants de clubs de Ligue 1.

Si les contours de cette chaîne avaient fuité ces derniers jours, son nom était resté secret et, c’est avec un grand sourire que Thibault Le Rol l’a dévoilé, devant la petite quarantaine de médias présents dans la salle Michel-Platini, au rez-de-chaussée du grand bâtiment : Ligue 1 +. « C’est un terme générique utilisé par les plateformes (TF1 +, M6 + etc.). Le + est devenu un gage de qualité », a justifié Nicolas de Tavernost.

« La question s’était fortement posée » il y a un an

Si le diffuseur change, ceux qui incarneront Ligue 1 + ne seront pas des inconnus pour les suiveurs du championnat de France. Le Rol fait partie des premiers noms officialisés parmi les journalistes et consultants qui opéreront sur cette chaîne. Le présentateur, déjà apparu sur Telefoot et Prime Vidéo notamment, a égrainé le nom de ses futurs collègues, qui ont pris place sur la scène pour témoigner leur bonheur d’être de l’aventure. Xavier Domergue, Benoît Cheyrou, Marina Lorenzo, Lesly Boitrelle et Sébastien Dupuis seront de la partie, tout comme Smaïl Bouabdellah, visage familier des téléspectateurs français amoureux de la Ligue 1.

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Les remous vécus par les clubs de l’élite cette saison en raison du conflit entre DAZN et la LFP ne sont pas évaporés avec la création de Ligue 1 +, loin de là. Nicolas de Tavernost, ancien président du directoire de M6 entre 2000 et 2024, a tenu à prévenir les dirigeants de la pénibilité (provisoire ?) qui les attend. « Je remercie les présidents de clubs d’avoir soutenu ce projet. Il s’imposait. Aujourd’hui, il n’y a pas de marché. Il fallait reprendre en mains notre destin. Il y aura deux années compliquées, en termes de ressources. Les recettes seront effectivement inférieures à celles des années précédentes. On construit un actif. Les rendements de cette chaîne seront progressifs. »

Le projet aurait pu voir le jour la saison dernière, Vincent Labrune reconnaissant que « la question s’était fortement posée », mais il n’avait pas abouti pour des raisons financières. Conscients de prendre un risque, le président de la LFP et Nicolas de Tavernost ont préféré voir le verre à moitié plein, en s’appuyant sur l’exemple néerlandais. En 2008, l’Eredivisie, la première division locale, alors en grande difficulté économique, avait franchi le pas, en devenant son propre diffuseur. Quelques années plus tard, les droits avaient été vendus à Fox. Ambitieux, les deux dirigeants tablent sur un million d’abonnés au bout d’un an pour Ligue 1 +, entre 2,2 et 2,5 millions d’ici 2029.

« Hyperdistribution »

Pour ce faire, ils misent sur « l’hyperdistribution », dixit Tavernost, avec des partenariats signés avec Orange, SFR, Free, Bouygues mais également DAZN. Le prix de base, 14,99 € avec un engagement de douze mois soit deux fois moins que l’offre initiale de DAZN il y a un an, visera à toucher un public large. Dans sa volonté de se diversifier, Ligue 1 + ne diffusera pas uniquement les matches de l’élite et les magazines dédiés au championnat de France. Deux séries sont en préparation : l’une sera consacrée à la saison du Paris FC, promu en Ligue 1, et l’autre au dernier exercice de Dante, le capitaine niçois.

Alors qu’ils rêvaient encore du milliard il y a quelques années, les clubs français ont vu leurs espoirs partir en fumée au gré des désillusions. Aujourd’hui, ils doivent organiser leur budget sans se reposer uniquement sur ces droits TV. « De toute façon, on est bien obligé, on n’a que 10 millions », a souri Olivier Létang, le président du Losc. Avec Ligue 1 +, le football français est entré dans une nouvelle ère mais il n’est pas encore sorti de la galère.