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Aux États-Unis, des universités incitent leurs étudiants sportifs à devenir influenceurs... |

Le sport occupe une place majeure dans les universités américaines, et certaines d’entre elles ont trouvé une stratégie pour en faire un business lucratif. Photo d’illustration. © NATHANIEL S. BUTLER / Archives Getty Images via AFP
Aux États-Unis, les universités encouragent de jeunes sportifs à devenir influenceurs pour attirer sponsors et visibilité. Un système lucratif, mais qui soulève de sérieuses inquiétudes sur la santé mentale des étudiants-athlètes.
Avec les réseaux sociaux, le sport de haut niveau est plus que jamais une affaire d’argent. Et les universités américaines ne s’y trompent pas. Selon The New York Times , elles sont de plus en plus nombreuses à laisser des agences intervenir auprès de jeunes athlètes pour les inciter à devenir des stars d’Internet.
Le but ? Attirer de meilleurs athlètes en leur permettant de capitaliser sur leur nom et leur image, au détriment, parfois, de leur santé mentale.Â
Un marché en plein essor
Selon le célèbre quotidien américain, ce phénomène aurait commencé en 2021 avec la levée de l’interdiction qui empêchait les étudiants-athlètes de gagner de l’argent en concluant des accords avec des marques. Désormais, les plus suivis d’entre eux touchent des millions de dollars de cette manière.
Selon Forbes , les jumelles basketteuses Haley et Hanna Cavinder, avec leurs 4,6 millions d’abonnés sur TikTok, auraient ainsi gagné 1,7 million de dollars en 2022. Sont principalement ciblés le basket et le football américain, les deux sports les plus lucratifs aux États-Unis grâce à la NFL et la NBA. Tous les sports sont toutefois concernés, les athlètes pouvant gagner un fort pouvoir d’influence à travers les Jeux olympiques.
Et ce secteur est en pleine croissance. Les accords commerciaux de ce type « se sont développés de manière exponentielle d’une manière que personne n’aurait pu imaginer ou prédire », a confirmé Michael H. LeRoy, professeur de droit à l’université de l’Illinois. Les universités ne sont pas étrangères à ce phénomène : depuis l’automne dernier, l’université de Caroline du Nord laisse par exemple intervenir l’agence d’influence Article 41 auprès de ses étudiants-athlètes, notamment ceux de première année.
Une rhétorique potentiellement dangereuse
Au cours de ces séances, Vickie Segar, cofondatrice de l’agence, fait miroiter aux membres des différentes équipes étudiantes les montants astronomiques qu’ils pourraient gagner avec de simples stories (vidéos courtes) sponsorisées sur Instagram ou sur TikTok. « 450 000 dollars par story », selon ses mots.
Puis elle répond à toutes leurs inquiétudes, avec, à l’appui, un guide de formation de 50 pages. « Non, vous n’êtes pas obligé de danser », est-il précisé. En cas de signature du contrat, l’agence récupère 20 % du cachet des étudiants. L’université n’a pas de contrat avec l’agence et ne gagne rien sur collaborations, mais affirme que « cela permettra d’avoir de meilleurs athlètes ».
Ce n’est toutefois pas l’avis de Michael H. LeRoy. « Si une partie de votre stratégie en tant qu’école consiste à augmenter l’exposition de vos étudiants-athlètes à l’écosystème des réseaux sociaux qui est rempli d’irrationalité et de haine, vous n’aidez pas à préserver leur santé mentale », déplore ce spécialiste. Déjà fortement soumis à la concurrence dans le milieu sportif, ces jeunes athlètes risquent désormais de l’être sur les réseaux sociaux à travers, notamment, la surexposition de leurs corps.