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C’est quoi le Neom SC, ce club saoudien d’une ville qui n’existe pas et qui dévalise la Ligue 1 ?... |

Alexandre Lacazette est le premier grand nom recruté par le Neom SC. © OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP
Alexandre Lacazette et Marcin Bulka joueront la saison prochaine au Neom SC, club saoudien fraîchement promu en première division, où ils devraient être entraînés par le Français Christophe Galtier. Plus que ce recrutement qui sent bon la Ligue 1, c’est la destination qui interroge. NEOM est une mégalopole utopique rêvée par le fonds souverain saoudien qui n’existe pas et n’a pas de stade. Explications.
Signer dans un club d’une ville qui n’existe pas. C’est le pari qu’ont pris cet été Alexandre Lacazette (ex-OL, 34 ans), Marcin Bulka (ex-Nice, 25 ans) et Amadou Koné (ex-Reims, 20 ans), trois anciens pensionnaires de la Ligue 1 qui ont choisi de poursuivre leur carrière au Neom SC, club saoudien fraîchement promu en première division, où ils devraient être entraînés par Christophe Galiter, l’ancien coach de l’AS Saint-Étienne, de Lille ou encore du Paris Saint-Germain. Une destination où tous ne devraient pas être dépaysés, donc, même si certaines questions restent à éclaircir.
Un projet de ville de 170 km réduit à … 2 400 mètres
Car le Neom Sports Club est une équipe rattachée à une ville… qui n’existe, tout simplement, pas encore. Anciennement Al-Suqoor Club depuis 1965, la formation a été rachetée en 2023 par le fonds souverain saoudien (PIF), avec en toile de fond un projet bien précis. En effet, alors que le club végétait en quatrième ou troisième division, il s’est transformé en une entreprise détenue par NEOM, une mégalopole futuriste rêvée depuis 2016 dans le cadre du plan « Vision 2030 » par Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite, sur les bords de la mer Rouge.
Presenting a 170 km vertical city that can be travelled end to end in 20 minutes. Giving residents a convenient lifestyle within 5-minute walk neighborhoods, and communities organized in three dimensions, THE LINE is the future of urban living.#TheLINE #NEOM pic.twitter.com/fXntnKt42W
— NEOM (@NEOM) July 25, 2022
Lire aussi. « The Line », ville futuriste de 170 km de long, verra-t-elle le jour en Arabie saoudite ?
On parle ici d’un projet totalement futuriste révélé en 2022 et tournant autour de la construction de « The Line », une ville droite entre mer et sable, sans voitures, bâtie autour de deux immeubles de 200 mètres de large, 500 mètres de hauteur et 170 kilomètres de long. Avec pour ambition d’accueillir un million de personnes au début de la prochaine décennie, neuf en 2045. Coût du fantasme ? 500 milliards d’euros. Mais si rien n’est trop cher pour le prince héritier d’Arabie saoudite, ce dernier a dû se résoudre à revoir le projet à la baisse. On ne parlerait plus « que » d’une ville de 2,4 kilomètres de long, pour un objectif de 300 000 habitants en 2030.
Une atteinte aux droits de l’Homme ?
Mais ce n’est pas le seul frein à la construction de cette mégalopole futuriste. En plus des 100 000 ouvriers aux conditions de travail déplorables engagés sur le projet, ce dernier obligerait également 20 000 membres de la tribu des Howeitat à quitter un territoire qu’elle occupe depuis des siècles. Des pratiques qui ont poussé le Wall Street Journal à publier en décembre dernier une enquête rapportant des abus humains liés à ce méga chantier (viols, tentatives de meurtres, atteinte aux droits de l’Homme…). Autres controverses, Mohammed ben Salmane se rêve d’une ville avec des voitures volantes, des robots femme de chambre ou encore une lune artificielle. Des technologies qui n’existent pas.

Ce à quoi devrait ressembler le futur stade du Neom SC, qui doit accueillir le Mondial-2034. AFP / NEOM
Tout ça pour dire que « The Line » semble avoir du plomb dans l’aile, et pas qu’un peu. Vous vous demandez alors quel est le rapport avec le Neom SC, le nouveau club d’Alexandre Lacazette, Marcin Bulka, Amadou Koné et Christophe Galtier ? Le club a, comme expliqué plus haut, été rattaché à la ville de NEOM, avec pour objectif d’en faire l’un des symboles de la mégalopole, dont le stade doit, à terme, être construit au sein même de « The Line », à 350 mètres de hauteur et avec une capacité de 46 000 places.
Le fonds souverain saoudien parlerait d’un bijou de technologies étant capable de s’adapter aux conditions climatiques extrêmes du désert. Une enceinte qui devra accueillir des matches de la Coupe du monde 2034, organisée par l’Arabie saoudite.
Lacazette, Bulka et Galtier verront-ils la fin du projet ?
Un stade rêvé et un club du Neom SC qui, pour le moment, doit donc jouer ses matches à plus de 150 kilomètres de l’endroit où « The Line » devra sortir de terre, au King Khalid Stadium de Tabuk, pouvant accueillir 12 000 spectateurs. Une réalité extra-sportive qui, pour le moment, ne semble pas déranger la formation saoudienne, qui, depuis son rachat, reste sur deux montées successives de D3 en D2 (2023-2024) puis de D2 en D1 (2024-2025).
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Le tout bien aidé, évidemment, par l’argent illimité du PIF, qui rêve de faire du Neom SC une nouvelle place forte du football asiatique, à l’instar d’Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Alhi, eux aussi propriétés de l’État. Reste à savoir si Alexandre Lacazette, Marcin Bulka, Amadou Koné et Christophe Galtier pourront un jour mettre les pieds dans cette ville utopique pour jouer dans ce stade aux promesses révolutionnaires. Pour le moment, les travaux n’ont même pas commencé…