CAN 2025. Algérie - Maroc, une rivalité bien au-delà des terrains...

Alors que la CAN 2025 débute au Maroc, les tensions sportives et géopolitiques entre le Maroc et l’Algérie reviennent sur le devant de la scène. Sur le plan sportif, les matches entre les deux équipes sont souvent très suivis. La dernière rencontre entre les deux équipes remonte à 2021, en quart de finale de la Coupe arabe au Qatar. 

Les Algériens s’étaient imposés aux tirs au but (2-2, 3-5 tab) avant de remporter la compétition. Si les Fennecs ont longtemps eu de l’avance par rapport à leur voisin marocain, les rapports se sont inversés depuis. L’Algérie n’a pas réussi à capitaliser sur sa victoire à la CAN en 2019. De son côté, le Maroc continue de construire sur sa demi-finale de Coupe du monde en 2022 (défaite 2-0 face à la France) et est grand favori de cette Coupe d’Afrique qu’il organise chez lui.

 Le Maroc a vraiment investi dans le football, notamment à travers son académie [Mohamed VI], et la construction de nombreuses infrastructures comme les stades , explique Kévin Veyssière, spécialiste en géopolitique du sport, fondateur du média FC Geopolitics.  Le football est vraiment devenu un atout important de leurs efforts politiques, économiques, et diplomatiques, souligne-t-il. La CAN, et surtout la Coupe du monde 2030 que le Maroc coorganise, sont des accélérateurs de modernité pour le royaume. À la fois au niveau des stades, mais aussi pour les routes, le train, les aéroports .

Rupture des relations diplomatiques

Des moyens qui ont donc permis au Maroc de se hisser au 12^e rang mondial au classement FIFA, alors que l’Algérie stagne autour de la 35^e place. Mais ce sont surtout les tensions géopolitiques et les rivalités entre les deux pays qui interrogent alors qu’elles s’imposent régulièrement sur le terrain et dans les stades. Les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques sur fond de désaccord au sujet de la souveraineté du Sahara occidental depuis 2021.

Un territoire au sud du Maroc, contrôlé à 80 % par le royaume marocain, mais qui est revendiqués par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger. L’Algérie avait alors pris cette décision en accusant le Maroc d’  actions hostiles  envers le pays. Depuis, c’est le narratif marocain qui s’est imposé à l’international.  Les efforts diplomatiques du Maroc ont porté leurs fruits , note Kévin Veyssière. La France et les États-Unis ont reconnu la souveraineté marocaine sur le territoire, avant que l’ONU ne vote en faveur du plan marocain pour l’indépendance du territoire saharien, acceptant donc la souveraineté actuelle du royaume sur le Sahara occidental. Ces tensions sur la souveraineté de ce territoire viennent s’ajouter à une rivalité économique et politique régionale entre les deux pays.

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Le sport, le terrain d’affrontement favori entre les deux pays

En 2022, le parcours des hommes de Walid Regragui jusqu’en demi-finale de la Coupe du monde au Qatar a pu passer légèrement sous silence dans les médias de leur voisin. De son côté, le royaume marocain avait accusé l’équipe algérienne  d’appropriation culturelle  alors qu’elle avait arboré un maillot avec des motifs reprenant l’art du zellige (un type de mosaïque traditionnelle au Maghreb).

En 2023, le Maroc a annulé la participation de son équipe locale au Championnat d’Afrique des nations (CHAN), en expliquant ne pas pouvoir se rendre en Algérie, pays organisateur de la compétition, suite aux restrictions aériennes entre les deux pays.

Il y a un an, c’est une affaire de clubs qui fait la une des médias. Le RS Berkane, un club marocain doit se rendre à Alger pour disputer la demi-finale aller de la Coupe de la CAF contre l’USM Alger. Ls maillots des joueurs marocains sont confisqués par les douaniers à leur arrivée à l’aéroport. La raison : la présence, sur le maillot, d’une carte du Maroc incluant le Sahara occidental. Le match n’a pas pu se jouer et la CAF avait attribué une victoire 3-0 à Berkane. Le match retour avait également été annulé. Le Tribunal arbitral du sport a ensuite donné raison au club algérien. Il a rappelé dans sa décision que  tout équipement - y compris les maillots des joueurs - ne doit véhiculer aucun contenu à caractère politique . Une décision qui n’a cependant pas annuler le résultat de cette demi-finale, ni de la compétition, remportée par les Egyptiens de Zamalek (vainqueurs face au RS Berkane).

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Cette année aussi, les tensions entre l’Algérie et le Maroc se sont manifestées, lors de la CAN féminine en juillet. La fédération et la télévision algérienne ont tenté d’effacer toutes marques du Maroc, pays organisateur de la compétition. Les logos de la Royal Air Maroc, présents sur l’arrière-plan des conférences de presse ont été remplacés par celui de Total Energies, la mention  Morroco 24  a été retirée de toute communication officielle de la fédération. Selon certains internautes, les joueuses et le staff auraient même masqué avec du ruban adhésif cette mention sur les sièges sur lesquels ils étaient assis.

Le défi de l’accueil des supporters

Alors que les matches entre le Maroc et l’Algérie sont régulièrement source de tensions entre les supporters, le Maroc, pour qui cette CAN est le test grandeur nature pour la Coupe du monde 2030, sera observé sur l’accueil réserver aux supporters des Fennecs. En juillet, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaa a défendu, dans le journal L’Équipe que  les supporters algériens sont les bienvenus au Maroc .  Sur le territoire marocain, il y a des familles algériennes qui vivent et connaissent la qualité de cette cohabitation. La sélection algérienne, les supporters venus de l’Algérie ou de tous les coins du monde, seront accueillis dans un pays qui leur a toujours consacré un accueil chaleureux , a-t-il développé, alors qu’il accuse l’Algérie de mener une campagne de dénigrement contre l’organisation de la CAN. Les supporters semblent pourtant bien être au rendez-vous puisque tous les billets pour les matches des Verts ont été achetés en quelques heures.

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 Le véritable enjeu pour le Maroc, c’est de réussir l’organisation de cette CAN, et surtout de “bluffer” les médias occidentaux. Le Maroc veut vraiment élever le niveau d’organisation de la Coupe d’Afrique , souligne Kévin Veyssière. Il y aura aussi l’enjeu sportif : favori de la compétition, le Maroc va-t-il s’imposer ? Une victoire qui pourrait souligner la réussite de sa politique de développement du football.