Coupe du monde au Qatar. Quelles villes françaises vont boycotter et se passer d’écrans géants ?... |
Lyon, Paris, Marseille, Reims, Nancy, Lille ou encore Rennes et Brest... Plusieurs villes ont décidé de ne pas installer d’écrans géants pendant le Mondial au Qatar, qui débute le 20 novembre. Dans l’Ouest, c’est le cas. Sauf à Caen.
La Coupe du monde 2022, au Qatar, n’en finit pas de faire des vagues. Après les appels au boycott venant de diverses personnalités, c’est au tour des communes de se saisir du débat. Pour, officiellement, protester contre l’organisation de cet événement, des grandes villes ont d’ores et déjà pris les devants, en annonçant qu’elles n’installeraient pas d’écrans géants en fonction du parcours de l’équipe de France.
Dans un contexte d’économies budgétaires, elles n’ont pas vraiment tergiversé, il faut le dire, sachant aussi qu’elles n’avaient pas forcément anticipé de grands rassemblements dans la froideur de décembre. De la bonne conscience à peu de frais, en somme…
BILLET. Pas d’écran géant à Paris pour la Coupe du monde, mais hypocrisie géante !
Marseille, Reims, Nancy, Lille.... et Paris
Depuis le début de semaine, donc, Marseille, Reims, Nancy, Lille ou encore Strasbourg ont toutes fait savoir qu’elles n’organiseraient rien. Pour l’expliquer ? Martine Aubry, maire socialiste de Lille, a qualifié la compétition de « non-sens au regard des droits humains, de l’environnement et du sport ».
À Marseille, le maire de gauche Benoît Payan a jugé que cette épreuve s’était « progressivement transformée en catastrophe humaine et environnementale, incompatible avec les valeurs que nous voulons voir portées ».
« J’aurais l’impression, si Bordeau x accueillait ces fans zones, d’être complice de cette manifestation sportive qui représente toutes les aberrations humanitaires, écologiques et sportives », a déclaré le maire écologiste de Bordeaux Pierre Hurmic.
LIRE AUSSI. Environnement, chantiers… Ces raisons qui conduisent au boycott de la Coupe du monde au Qatar
La Coupe du monde 2022, au Qatar, n’en finit pas de faire des vagues. Chaunu
Lundi soir, Pierre Rabadan, ex-rugbyman pro, a annoncé que Paris leur emboîtait le pas. « La première raison, ce sont les conditions de l’organisation de cette Coupe du monde, tant sur l’aspect environnemental que social, la seconde, c’est la temporalité, le fait que ça ait lieu au mois de décembre. » Depuis 2011, la Ville de Paris n’a pourtant rien trouvé à redire sur l’investissement qatari du Paris SG. Elle a même fait allumer la Tour Eiffel aux couleurs du Paris SG pour la venue de Neymar…
Ce sera la même chose à Lyon. « Ce sont des vies qui ont été saccagées, qui ont été sacrifiées pour cette coupe du monde, et c’est une aberration sur le plan écologique puisqu’on va essayer de refroidir l’atmosphère qui par ailleurs se réchauffe », a déclaré mardi soir maire écologiste Grégory Doucet, évoquant les décès de travailleurs immigrés dans la construction des huit stades de la compétition dont sept sont climatisés. « Il y a une chose qui est certaine : je ne vais pas engager un seul euro d’argent public pour cette coupe du monde. Il n’y aura pas de retransmissions dans l’espace public à l’initiative de Lyon (...) pas de fan-zones », a ajouté l’élu, laissant à chacun le choix de regarder ou non les matches »en son âme et conscience».
Dans le Sud, à Nice, Cannes et Perpignan, les mairies de droite et d’extrême-droite n’ont pas encore tranché. Cela se décidera en fonction du parcours des Bleus.
LIRE AUSSI. Pourquoi Ouest-France ne boycottera pas la Coupe du monde au Qatar
Caen, une exception dans l’Ouest ?
Dans l’Ouest, les grandes villes sont à peu près toutes sur la même ligne. À Brest, la Ville met en avant les « Droits de l’Homme, le décès de milliers d’ouvriers pour construire des stades », ou encore « une véritable aberration écologique ». À Angers, on déclare : « Nous n’aurons aucune installation d’écrans de retransmission sur l’espace public pour les matches de la prochaine Coupe du monde. » « Dans le contexte actuel, chacun doit participer à l’effort de sobriété », explique Charles Diers, l’adjoint aux Sports.
« Organiser la Coupe du monde 2022 au Qatar n’a pas de sens, au regard de l’urgence climatique et des nombreuses atteintes aux droits humains, notamment des milliers de victimes. À Rennes, nous n’installerons pas d’écran géant pour retransmettre les matches », lâche Frédéric Bourcier, l’élu en charge des Sports à Rennes.
LIRE AUSSI. Pourquoi les supporters français seront peu nombreux au Qatar ?
Du côté de Nantes, la Ville n’a pas encore pris sa décision et doit trancher dans les 48 heures. Il y a quatre ans, elle avait retransmis l’événement au Parc des expositions, seulement à partir des phases finales, et seulement quand l’équipe de France y figurait. Pas sûr, cette fois, que le dispositif soit reconduit…
Seul Caen semble faire figure d’exception. Aristide Olivier, l’adjoint aux Sports : « Il n’y aura pas de boycott, mais ça ne veut pas dire qu’on ne considère pas que le choix du Qatar est un bon choix. Il aurait fallu s’élever tous ensemble au moment de ce choix, en 2010. Aujourd’hui, ces boycotts, c’est de la communication politicienne. »
Pour l’heure, Caen n’a rien de prévu, mais tout dépendra du parcours des Bleus. Si un écran est installé, cela se fera en indoor.
Les grandes villes qui n’installeront pas d’écrans géants : Lyon, Angers, Bordeaux, Brest, Lille, Marseille, Nancy, Paris, La Rochelle, Reims, Rodez, Strasbourg, Villeurbanne, Toulouse.