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ENTRETIEN. « Il n’avait manqué Noël qu’une seule fois… » : la mère de Christophe Gleizes se livre

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photo  christophe gleizes est emprisonné en algérie.  ©  afp 3

Christophe Gleizes est emprisonné en Algérie. © AFP

Emprisonné en Algérie pour avoir fait son métier, le journaliste Christophe Gleizes s’est pourvu en cassation, après avoir été condamné à sept ans de prison. Dans un entretien accordé à Ouest-France, Sylvie Godard, sa mère, se livre sur le combat qu’elle mène en faveur de la libération de son fils.

Christophe Gleizes a été condamné à sept ans de prison pour « apologie du terrorisme », le 29 juin 2025, par le tribunal de Tizi Ouzou, une peine confirmée en appel le 3 décembre. Le journaliste travaillant notamment avec So Foot est obligé de rester sur le sol algérien depuis mai 2024, une interdiction de quitter le territoire avait été prononcée à son encontre. Il lui est reproché, par la justice algérienne, d’avoir échangé avec un dirigeant de la Jeunesse sportive de Kabylie, qui se trouve aussi être à la tête d’un mouvement indépendantiste, pour un article. Christophe Gleizes s’est pourvu en cassation, dans le but d’obtenir un nouveau procès, sur fond de relation diplomatique tendu entre la France et l’Algérie. Le seul journaliste français détenu à l’étranger a vu son portrait affiché sur la façade du siège de la FFF.

Dans un entretien accordé à Ouest-France, Sylvie Godard, la mère de Christophe Gleizes, revient sur le combat qu’elle mène en faveur de la libération de son fils.

Christophe Gleizes est retenu en Algérie depuis plus d’un an et demi, et a été condamné, en mai, à sept ans de prison. Malgré le fait qu’il se soit pourvu en cassation en juin, l’espoir qu’il sorte de prison plus tôt que prévu s’amoindrit-il avec le temps ?

Non, parce que le pourvoi en cassation, Christophe l’a décidé avec ses avocats pour des raisons humanitaires. Si on ne l’avait pas fait, son avocat algérien, maître Amirouche Bakouri, n’aurait pas pu avoir le droit de visite comme il l’a actuellement. Déjà qu’on trouve que Christophe est vraiment isolé, coupé du monde, ça aurait été une double peine pour lui. À tout moment, ce pourvoi en cassation, il peut s’en désister si jamais il y avait une grâce qui arrivait.

Vous avez demandé à Abdelmadjid Tebboune, président de l’Algérie, de gracier votre fils. Ce n’est pas le cas pour le moment, mais avez-vous eu une réponse de la part de la présidence algérienne ?

Non, pas du tout. La seule certitude que nous avons, c’est qu’il a reçu ma lettre de demande de grâce.

Comment aborde-t-on Noël quand on sait que son fils est détenu ?

C’est très symbolique et très difficile, car depuis des années, nous passons Noël à Agen, dans le Lot-et-Garonne, auprès de ma maman. Nous sommes arrivés ce vendredi matin. Nous sommes entourés avec Maxime, son frère, et son épouse. Ça va être très dur. Avant qu’il soit en Algérie, il n’avait manqué Noël qu’une seule fois, car il était parti en Afrique pendant un an pour faire un livre sur le football africain et on l’avait eu en visio. Mais cette fois-ci, ce sera sans lui. L’année dernière, ce n’était pas pareil, comme il était en liberté, sous contrôle judiciaire, on avait la possibilité de le voir en Face Time presque tous les jours. À Noël, on avait joué avec lui à un jeu du dictionnaire pendant deux heures, en visio, mais c’était formidable. Cette fois-ci, ça va être très difficile pour nous.

photo francis godard, le beau-père, et sylvie godard, la mère de christophe gleizes.  ©  stephane de sakutin/afp

Francis Godard, le beau-père, et Sylvie Godard, la mère de Christophe Gleizes. STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

Comment vit-on cela au quotidien en tant que mère ?

C’est très douloureux pour nous. Il y a qu’une seule façon de supporter cela, c’est d’être en famille, uni et de se dire chaque jour qu’il faut continuer le combat, continuer la mobilisation. L’espoir reste. Christophe est tout seul emprisonné, il est complètement coupé du monde. Nous, on a de la chance, on regarde le ciel, on respire, on est ensemble, on mange à notre faim. C’est tout ce genre d’action que lui ne peut pas faire malheureusement.

Une mobilisation au siège de la FFF était organisée, ce jeudi, vous y étiez présente. En quoi ce genre de moment est-il fondamental pour vous ?

C’était impressionnant de voir l’effigie de Christophe sur la devanture de la FFF, c’est monumental. Il y avait le soutien du président Diallo, d’Amélie Oudéa-Castéra (ancienne ministre des Sports), de Reporters Sans Frontière et de l’avocat français de Christophe, Emmanuel Daoud. Toute cette force collective et cette mobilisation se font au plus haut des instances de football. Christophe est un passionné de foot, c’est un journaliste sportif, il sera très heureux, en rentrant, de voir combien de personnalités, de footballeurs se sont mobilisées pour lui.

La justice algérienne a rendu son verdict, ça a été très douloureux. Maintenant, c’est un dossier politique. Ça nous rassure qu’on ait été reçu par les hautes autorités de l’état. C’est une consolation de voir que la mobilisation est citoyenne, sportive et politique. Tout le monde va agir pour pouvoir le libérer.

photo le visage du journaliste christophe gleizes a été projeté sur la devanture du siège de la fédération française de football, ce vendredi 19 décembre à paris.  ©  charlotte siemon / afp

Le visage du journaliste Christophe Gleizes a été projeté sur la devanture du siège de la Fédération française de football, ce vendredi 19 décembre à Paris. Charlotte SIEMON / AFP

Christophe Gleizes est soutenu par quelques-uns des acteurs du sport, vous venez de l’évoquer. Néanmoins, vous sentez-vous suffisamment soutenu ?

Pour ce qui est des grands joueurs de foot qui sont des icônes en Afrique, et plus spécialement en Algérie, non. Par rapport à toutes les autorités sportives et du football oui.

Vous faites référence à des personnalités comme Kylian Mbappé, Zinédine Zidane ou Karim Benzema, à qui vous avez envoyé des messages. Aucune d’elles ne vous a répondu ?

On a lancé des appels publics dans les médias, mais c’est très difficile d’avoir des contacts pour ces personnalités, car ils ont autour d’eux toute une armada de conseillers. Vu qu’on ne peut pas les avoir en direct, la seule façon de les approcher c’est de lancer des appels lorsque nous passons à la télévision, à la radio ou dans la presse écrite.

« En partant, il nous a fait un sourire »

Vous tenez un journal intime, depuis quelques mois, que vous souhaitez remettre à votre fils lorsqu’il sera libéré. Quelle est la teneur de ces écrits ?

Je pensais qu’il allait rentrer assez vite, j’avais envie de lui dire tout ce qu’on faisait déjà, à partir de mai 2024. Après, c’est devenu une consolation pour moi, de m’adresser à lui tous les jours, de lui donner mon état d’esprit et de toujours dire à Christophe qu’on pense à lui, qu’on l’aime et que toute la famille se mobilise pour l’aider à sa libération.

Quand avez-vous vu Christophe pour la dernière fois ?

Le 3 décembre, au procès. On était avec mon mari Francis et Valentine, la compagne de Christophe. C’était le soir, quand il est sorti de la cour d’appel, menotté avec cinq policiers autour de lui. En partant, il nous a fait un sourire. C’est la dernière fois que je l’ai vu.

Vous n’avez pas pu échanger le moindre mot ?

Non, ils ne nous ont pas permis, alors que ça se fait parfois. Plusieurs avocats, qui étaient venus écouter les plaidoiries, nous ont dit, qu’en principe, le président pouvait accepter qu’on puisse le voir pour échanger deux minutes, le serrer dans nos bras. Ne pas avoir de contact physique, c’est très difficile pour moi. Quand on va au parloir pour lui rendre visite, on est derrière une vitre en plexiglas. Quand on parle au téléphone, il peut y avoir des gens à côté. Là, c’était la première fois qu’on était tout près de lui, sans vitre de séparation.

On n’a pas le droit de lui téléphoner, il n’a pas le droit de le faire. On lui écrit, mais on ne sait pas selon quelles règles les lettres lui parviennent. Il arrive à recevoir des lettres d’amis qu’il n’a pas vus depuis dix ans, mais certaines de nos lettres ne lui arrivent pas. C’est quelque chose dont on ne connaît pas la logique.

 
Recueilli par Victor Renouf    Ouest-France  

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