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ENTRETIEN. JO 2024 : tourisme, équipements… Clément Beaune, haut-commissaire au Plan, révèle le « coût réel » des Jeux

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photo  les anneaux olympiques devant la tour eiffel, en septembre 2017.  ©  christophe simon / archives afp 3

Les anneaux olympiques devant la Tour Eiffel, en septembre 2017. © CHRISTOPHE SIMON / ARCHIVES AFP

Le Haut-commissariat au Plan et à la stratégie dévoile ce 15 décembre son estimation des bénéfices socio-économiques des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Ces bénéfices, qui permettent de déduire le « coût réel » des JO 2024, devraient grandir avec le temps, explique à « Ouest-France » l’ancien ministre Clément Beaune, aujourd’hui haut-commissaire au Plan.

Combien les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris ont-ils coûté à la France et aux Français ? Et quels bénéfices le pays en a-t-il tiré ? Si la première question a en partie été tranchée par un récent rapport de la Cour des comptes, la réponse à la deuxième restait à déterminer. Mais une partie de cette réponse sera désormais fournie par le haut-commissariat au Plan qui, en lien avec le Crédoc, révèle ce lundi 15 décembre 2025 son étude des bénéfices socio-économiques apportés par les JOP de Paris. Des gains notables qui pourraient s’amplifier au fil des années, explique à Ouest-France Clément Beaune, le haut-commissaire au Plan.

Comme la Cour des comptes, vous évaluez les dépenses publiques effectuées dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques de Paris à environ 7 milliards d’euros. Mais, en intégrant les bénéfices qu’en a tiré la France, vous réduisez ce coût à 2,7 milliards d’euros. Comment avez-vous procédé ?

Les deux chiffres ne sont évidemment pas contradictoires. Les 6,6 milliards de dépenses publiques évoqués par la Cour des comptes, et qu’on estime à peu près au même niveau (7 milliards d’euros) restent valables. Mais ce qu’on nous a demandé, c’était de faire une évaluation dite socio-économique de l’événement, donc de prendre en compte un certain nombre de coûts et de bénéfices qui sont associés à ces dépenses. Cela consiste par exemple à mesurer les effets d’un évènement sur l’emploi, les infrastructures, sur l’accélération de certains projets de transport, sur l’environnement, etc.

Si les JO gardent un coût pour la collectivité, celui-ci est donc réduit si l’on prend en compte ses effets socio-économiques. Quels sont les éléments qui ont l’impact positif le plus fort ?

Il y a d’abord l’héritage en matière d’infrastructures, de transport notamment. Concrètement, ce sont des infrastructures construites qui auront des retombées de long terme. C’est là où il y a eu le coût le plus élevé mais aussi là où il y a les bénéfices les plus importants (2,8 milliards d’euros, ndlr). Il y a aussi les bénéfices économiques directs associés aux Jeux comme les effets sur l’emploi, puisque 9 000 emplois ont été créés pour les Jeux, dont certains sont durables, ou ce qu’on appelle « le surplus des salariés » : les primes, le paiement des heures supplémentaires, etc. Il y a également le bien-être tiré par les spectateurs et téléspectateurs français de l’événement suivi par cinq milliards de personnes dans le monde (« bien-être » estimé en faisant la différence entre ce que les Français étaient prêts à payer pour voir l’événement et ce qu’ils ont effectivement dépensé, ndlr). Enfin, il y a l’impact de l’évolution de la pratique sportive.

photo le village olympique lors de sa construction, en février 2024.  ©  franck dubray / archives ouest france

Le village olympique lors de sa construction, en février 2024. FRANCK DUBRAY / ARCHIVES OUEST FRANCE

Comment avez-vous procédé pour calculer les bénéfices tirés des infrastructures ?

La méthode est distincte pour chaque poste. Pour les équipements et le logement, on calcule par exemple la valeur d’un logement ou d’une construction qui n’aurait pas vu le jour sans les Jeux. Pour les transports, c’est l’accélération de certains projets, qui apporte une évolution des parts modales (la part de chaque mode de transports dans le total des déplacements, ndlr) et une baisse des émissions de gaz à effet de serre, que l’on sait convertir en euros puisque le Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan actualise régulièrement la valeur du carbone, et donc le gain apporté par de moindres émissions.

Vous l’avez évoquée, il y a eu une évolution de la pratique sportive en marge des JOP. De quelle ampleur est-elle ?

Oui, on peut constater une évolution favorable de la pratique sportive depuis les Jeux, et même un peu avant. Le nombre de licenciés a augmenté de 6,4 % entre 2023 et 2025, contre 1,7 % s’il avait suivi la tendance antérieure à la pandémie de Covid-19. C’est donc plus que la tendance des années précédentes ou que celle des années avec des JO organisés hors de France.

Quels sont ses impacts socio-économiques ?

Le chiffrage qui a été retenu, c’est autour de 250 millions d’euros. Il représente surtout le bénéfice sanitaire associé à une pratique sportive renforcée, que l’on peut quantifier. Mais, ce que l’on sait, c’est que les Jeux ont un impact à court terme sur la pratique sportive mais qu’il n’est pas forcément durable. Donc il faudra vérifier s’il se confirme dans la durée.

Quid de l’impact sur le tourisme en France ?

Sur l’hôtellerie, il y a eu en Île-de-France un léger effet négatif sur l’année 2024 et on ne voit pas de rattrapage en 2025. Pour les hôtels, dans une ville comme Paris qui a déjà un taux d’occupation élevé, ce n’est pas une surprise. Les prix ont augmenté et il y a eu un effet d’éviction, des gens qui se sont dit : « Je viendrai à Paris une autre fois ». En revanche, pour les logements types Airbnb, les locations ont augmenté car davantage de personnes ont mis leur logement en location. Quant à savoir s’il y a eu un effet attractivité sur la durée, il est trop tôt pour le dire. Par ailleurs nous n’avons pas pu estimer l’impact sur la restauration car il n’y avait pas de méthodologie convaincante.

photo des touristes et parisiens devant la flamme olympique, à paris, en juillet 2024.  ©  stéphane geufroi / archives ouest-france

Des touristes et parisiens devant la flamme olympique, à Paris, en juillet 2024. Stéphane Geufroi / ARCHIVES Ouest-France

Vous avez également estimé l’empreinte carbone de l’événement.

Le bilan est positif. Il y avait un engagement qui était celui de faire les Jeux les plus sobres de l’histoire en matière d’émissions de gaz à effet de serre et les Jeux de Paris ont été deux fois moins émetteurs que les Jeux de Londres et de Rio. C’est un niveau comparable à celui de Tokyo mais à l’époque, du fait de la pandémie, il n’y avait pas de public. Or la majorité de l’empreinte carbone des Jeux, ce sont les trajets des spectateurs.

Plus globalement, quel a été l’impact macroéconomique des JOP de Paris ?

Une étude du cabinet de conseil EY, que nous citons dans le rapport, évoquait un effet positif pour la croissance mais nous ne sommes pas rentrés là-dedans car nous nous sommes concentrés sur l’évaluation socio-économique. On pourrait effectivement rajouter ces éléments, car l’apport des JO en termes de PIB n’est pas égal à zéro, mais on ne l’a pas pris en compte ici. Si on l’avait ajouté, on aurait eu des bénéfices plus importants mais cela aurait été moins rigoureux du point de vue de la méthode.

Votre estimation des bénéfices des Jeux se veut donc prudente ?

Oui, le conseil scientifique qui a supervisé ce rapport estime qu’on a été très prudent sur nos hypothèses. Il y a des sujets sur lesquels on ne peut pas tout mesurer. Par exemple : est-ce qu’il y a une amélioration de l’image de la France avec les JOP ? C’est évidemment difficile à mesurer. Et puis c’est dans le temps qu’on arrivera à voir tous les bénéfices. Ce que montre cette étude, c’est que les Jeux sont un investissement, qui peut être rentable dans la durée.

 
Propos recueillis par Maxime MAINGUET.    Ouest-France  

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