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PSG - Flamengo. Après une énorme traversée du désert, comment Flamengo est redevenu un géant ?... |
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Flamengo lors de son titre de la Copa Libertadores. © Connie France / AFP
Club le plus populaire du Brésil depuis les années 80 et Zico, Flamengo a assis depuis quelques années son rayonnement au niveau sportif après de longues périodes de trous. Avant d’affronter le PSG en finale de la Coupe intercontinentale ce mercredi 17 décembre (18 h), « Fla » est redevenu un géant du football sud-américain, et pour longtemps peut-être.
Et si « o mais querido do Brasil », « le plus aimé du Brésil », devenait « o mais titulado », « le plus titré » ? Flamengo, formation brésilienne aux 50 millions de fans - dont 35 dans le pays -, ne souffre plus de rien depuis quelques semaines. En cinq jours, « Fla » est devenu champion du Brasileirão (championnat national) puis de la Copa Libertadores, les deux fois au-devant de Palmeiras. Tout un symbole, puisque le mastodonte de São Paulo est désormais dépassé au niveau continental par Flamengo, qui compte désormais 5 sacres en Libertadores.
Désormais 2e au plan national (derrière Palmeiras, 12 titres et à égalité avec le Santos, 8 titres), le club de Rio qui évolue au mythique Maracanã n’a plus que sa popularité comme palmarès principal. Et peut se mettre à rêver avant d’affronter le PSG en finale de la Coupe intercontinentale ce 17 décembre (18 h).
« L’ère Zico », la vague des 80’s et le creux
« Fla » ne partait pas de nulle part. Née en 1911, la section football du Flamengo - structure d’aviron au départ - met un certain temps avant un envol sur le plan national après la mise en place d’un championnat qui couvre le Brésil en 1959. Mais quel envol ! Le légendaire Zico - qui donnera son nom à l’âge d’or du club - et ses 509 buts en 732 matches offrent aux Flamenguistas leurs premiers moments de grâce. Premier titre national en 1980, sacre en Copa Libertadores puis en coupe intercontinentale face à Liverpool en 1981.
À l’époque, la chaîne nationale Globo diffuse les rencontres de Flamengo. Alors le pays se prend d’amour pour le club. « Tous les états plus pauvres, qui n’ont pas forcément d’équipe, regardaient le Flamengo, raconte Charles Hembert, adjoint de l’équipe lors du titre en 2020. Tout le Brésil s’est mis à suivre l’équipe. C’est flagrant là-bas. Tout le monde a le maillot, c’est le club de masse. Il n’y a pas de contrepoids. » Le rayonnement devient international. Les succès en championnat de 1982 et 1983 appuient la popularité du club, dans une période de vide total pour la sélection brésilienne.
La suite est moins brillante. Quelques titres éparpillés sur les années 90 et 2000, les passages de grands joueurs comme Romario, puis Adriano ou Ronaldinho. Mais pas de continuité à la hauteur de la popularité nationale de Flamengo. Par ailleurs, le club connaît de graves difficultés économiques jusqu’au début des années 2010.
Le public vecteur d’essor financier
Aujourd’hui, dans une Amérique de Sud qui génère beaucoup moins de fonds que l’Europe, Flamengo fait plus qu’exister. Sur Transfermarkt, la valeur totale de l’effectif carioca se compare à celle de l’Olympique Lyonnais par exemple. Personne en Amérique du Sud ne pèse plus à part Palmeiras.
Et les dirigeants peuvent compter sur des joueurs de talents recrutés directement en Europe comme Saul Niguez ou Samuel Lino (acheté 22 M€ à l’Atlético de Madrid), Danilo ou Alex Sandro de la Juventus, Jorginho venu après son passage à Arsenal ou Pedro pour qui Flamengo a envoyé 14 M€ à la Fiorentina.
Un redressement impressionnant marqué par le mandat de Eduardo Bandeira de Mello à la tête du club (2013-2018), puis celui de Jorge Jesus comme coach. Plus de dettes et une meilleure gestion avant le retour sportif sur le plan national avec le doublé Brasileirão - Libertadores en 2019. Avec une bonne restructuration, le soutien du public est trop important : « Il y a une telle popularité derrière, que si l’organisation est bonne, ça marche forcément car il y a une entrée financière gigantesque, explique Charles Hembert. Ça fait un effet boule de neige. »
Domination sportive
Depuis, tout roule chez le club rubro-negro. Les Cariocas ont obtenu deux titres nationaux (2020, 2025) et continentaux (2022, 2025) pour asseoir une stature nouvelle : celle du plus grand club brésilien avec Palmeiras. De quoi pousser Felipe Melo, ancien de Flamengo, à donner le point à son équipe face au PSG : « en termes de club et de passé, Flamengo est bien plus grand », lançait-il sur Instagram après la victoire des siens contre le Pyramids FC en demi-finale (2-0).

Filipe Luis connaît le succès depuis son arrivée à la tête de Flamengo. MAURO PIMENTEL / AFP
L’arrivée de Filipe Luis - 40 ans, ancien de l’Atlético et de Chelsea - sur le banc a directement porté ses fruits. Il prend sa retraite et les U17 de Flamengo dans la foulée début 2024. Neuf mois plus tard, il est à la tête de l’équipe première et réalise la saison qu’on connaît désormais. Avec une Coupe du monde des clubs honorable, durant laquelle les Brésiliens se sont offert Chelsea, futur vainqueur de la compétition, en poules (3-1). « Je ne vais pas dire que c’est une force inarrêtable mais… » Charles Hembert et d’autres sont conscients du poids actuel du football brésilien en Amérique du Sud. La position dont jouit actuellement Flamengo pour les prochaines années y est parfaite.
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Cela ne fait plus aucun doute, Flamengo a changé de dimension au Brésil et en Amérique du Sud. L’équipe la plus populaire est désormais aussi la plus forte. Quel que soit le résultat face à Paris, tout porte à croire que la gestion du club a de quoi maintenir ce nouvel âge d’or dans lequel évolue le Mengão, au sud de Rio de Janeiro.