Sport scolaire. « Incompétence », « dérapages budgétaires » : le président de l’UNSS très critiqué... |
La principale fédération du sport scolaire (UNSS) est en pleine de crise de confiance. Le monde enseignant pointe du doigt le management du président Olivier Girault ainsi que sa gestion financière.
Depuis des mois, l’UNSS, la principale fédération du sport scolaire, est minée par une crise de confiance entre une partie du monde enseignant et son président, l’ex-handballeur Olivier Girault, attaqué sur son management et sa gestion financière qu’il défend lui avec ardeur.
Depuis des semaines, les couloirs des locaux de l’UNSS, rue Saint-Lazare à Paris (9e arrondissement), sont traversés par des visiteurs réguliers. Deux inspecteurs de l’Inspection générale de l’enseignement (IGESR), chargés depuis début novembre par le ministère de l’Education nationale d’une nouvelle enquête administrative, se plongent dans les méandres d’une maison « en feu », selon une source syndicale. « C’est la troisième enquête de l’IGESR en quatre ans pour l’UNSS, il est difficile d’être plus contrôlé », rappelle l’un des collaborateurs de Girault.
Un profond malaise
La dernière a été déclenchée après la parution dans l’Équipe début novembre d’un article évoquant entre autres des soupçons de « conflits d’intérêts » au sein de l’UNSS et des « dépenses luxueuses ». Et depuis, les critiques pleuvent sur Olivier Girault, ex-champion olympique nommé à la tête de l’UNSS en décembre 2021 par Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Éducation Nationale. « Incompétence », « pas qualifié », « inapte »… le blâment ses détracteurs.
Il suffit de prononcer le mot « UNSS » pour que les interlocuteurs lèvent les yeux au ciel, signe d’un profond malaise. « Ça fait des années qu’on essaie de faire des passerelles entre le monde de l’éducation et du sport. Et ce qui se passe ne va a priori pas aider… » , regrette un cadre du sport français. Pourtant, cette fédération œuvrant dans le second degré n’a jamais autant attiré d’élèves : près d’1,2 millions, soit 300.000 de plus qu’il y a trois ans.
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« Et ça, on n’en parle pas trop hein », souligne Girault, sollicité par l’AFP. « Ce qu’il se passe c’est pour les directeurs de territoire, qui sont sur le terrain, que c’est dur. Moi, j’ai les épaules larges. » Son arrivée à la tête de l’UNSS n’avait pas soulevé les foules au ministère de l’Éducation nationale. Placé en dernière position après l’oral des cinq candidats, mais finalement nommé, il était devenu le premier ex-sportif de haut niveau et non issu du monde enseignant à occuper le poste. Depuis son arrivée, il assure avoir réorganisé une maison « d’une complexité hors du commun », avec plus de 700 comptes bancaires rattachés, suivi les recommandations de la Cour des comptes, remis sur pied une direction déficiente, mal organisée. Une remise à plat « nécessaire », qui explique selon lui le coût de ses trois ans de mandat.
De 20 à 8 millions de trésorerie
« C’est simple, on avait plus de 20 millions de trésorerie, et en 2023 on était aux alentours de 8 millions. Et ça, c’est en 2023, aujourd’hui on ne sait même pas où on en est », explique Nathalie François, secrétaire nationale du Snep-FSU, l’un des administrateurs de l’UNSS. Le Snep-FSU, comme l’Unsa, dénonce depuis des mois ces « dérapages budgétaires », et demande, avec les autres administrateurs, le départ de la direction. Mais il n’y a pas que ça.
« On voit passer les factures, les montants, mais on ne sait pas comment ça se passe. On a vu des lignes budgétaires sur des prestataires qui avaient énormément gonflé, donc on a demandé. Il nous a lâché Tilder », explique Nathalie François. Le nom de cette agence de communication revient souvent. Un contrat à 250.000 euros par an sur deux ans, pour un rendu « quasi nul », dénoncent les syndicats. Un livre signé du président de l’UNSS, et des sponsors pour l’instant « absents », explique Nathalie François.
« Ses jours sont comptés »
« Sauf que le budget communication est au moins deux fois moins élevé que sous la précédente direction », assure Girault. La révélation dans L’Équipe de sa participation au sein d’une société basée en Roumanie fondée quelques jours avant sa nomination, et qui a ensuite travaillé avec la Fédération internationale du sport scolaire (FIS), a jeté aussi le trouble. « Je suis parti de cette société une semaine après mon arrivée, et tout est connu, et légal », répond-il.
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« L’UNSS vit une vraie crise de gouvernance et une perte d’identité. Il y a là un choc culturel indéniable », regrette un haut fonctionnaire de l’Éducation nationale sous couvert d’anonymat. « M. Girault n’a pas la capacité de penser la culture scolaire. Son management est compliqué, il fonctionne avec de grands effets d’annonce », enfonce-t-il. Une défiance de plus en plus forte qui pourrait s’exprimer lors de la prochaine AG courant février. « Il ne faut pas être aveugle, ses jours sont comptés. Il a fait trop d’erreurs », assure une source au sein de l’UNSS.