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Tour de France 2025. « On va au drame si on ne ralentit pas les vélos ! » L’inquiétude du peloton

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photo  les vélos vont de plus en plus vite désormais, avec tous les progrès technologiques.  ©  afp 4

Les vélos vont de plus en plus vite désormais, avec tous les progrès technologiques. © AFP

À la veille du Grand départ du Tour de France 2025, à Lille, samedi 5 juillet, plusieurs acteurs du milieu du vélo tirent la sonnette d’alarme au sujet de l’évolution du matériel et des avancées technologiques qui se sont accélérées ces dernières années. « Il est urgent de légiférer sinon on va au casse-pipe », lancent-ils.

Des vélos toujours plus aérodynamiques, des cintres qui se rétrécissent, des jantes qui grandissent, des braquets toujours plus impressionnants… On n’arrête pas le progrès dans le cyclisme, et il ne s’agit là que d’exemples. Comme un sport mécanique qu’il est devenu plus que jamais, cette discipline a vu, ces dernières années, des innovations en tous genres débarquer dans les pelotons.

L’écosystème du vélo s’en réjouit, un « business-model » s’est construit autour de cela. À l’échelle des pros, la vitrine, c’est exactement le même refrain. Pourtant, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer cette course au développement qui nuirait à la sécurité des courses. Tous ces gains augmentent en effet considérablement la vitesse dans les courses, et in fine, le risque de chute est plus élevé. Le progrès technologique n’est, évidemment, pas que la seule cause, mais pour certains, il est devenu urgent de le réguler, notamment au niveau de l’Union cycliste internationale, l’organisation qui gère le cyclisme mondial, présidée par le Breton David Lappartient.

« Je crains le pire »

Thierry Gouvenou, directeur de course sur le Tour de France, l’homme qui trace les parcours de l’épreuve, fait partie de ces acteurs inquiets du chemin que prend le cyclisme. « Si on ne change pas le matériel, si on ne régule pas davantage, on va au casse-pipe ! dit-il. Je râle souvent auprès de l’UCI pour cela, mais j’aimerais vraiment qu’on avance là-dessus. Je crains le pire, franchement. Les vélos vont beaucoup plus vite qu’avant, et en plus, il y a des têtes brûlées dans le peloton. Donc ça ne passe plus… Les professionnels du cycle ont une vraie responsabilité là-dessus. »

photo mathieu van der poel et jasper philipsen ce jeudi 3 juillet, à la présentation des coureurs du tour de france, à lille.  ©  reuters

Mathieu van der Poel et Jasper Philipsen ce jeudi 3 juillet, à la présentation des coureurs du Tour de France, à Lille. REUTERS

Le Normand ajoute, en plus, qu’« avec désormais tous les aménagements urbains, c’est une compilation de dangers pour les coureurs. On le voit aujourd’hui, ça arrive trop vite dans les agglomérations, ça va trop vite dans les descentes… Ça ne passe plus ! »

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Dernièrement, sur le Critérium du Dauphiné, le vélo de Jake Stewart (Israël Premier tech) avait ainsi fait sensation, avec notamment une fourche à écartement avant très large. Selon nos indiscrétions, les gains en watts seraient impressionnants sur cette monture, à tel point que Factor, la marque de cycle, garde ses chiffres pour elle…

« J’ai peur ! »

Marc Madiot, manager de Groupama-FDJ, alerte lui aussi depuis longtemps sur ces dérives. Il ne mâche pas ses mots. « J’ai peur. Peur pour l’avenir du vélo. Si on ne fait rien, on va au-devant de drames… Quand tu discutes avec des organisateurs, et qu’ils te disent qu’à certains endroits, alors qu’ils sont en voiture, ils se font dépasser par les coureurs qui vont plus vite… J’ai un autre exemple. Nous, comme beaucoup, on revend les vélos en fin d’année. Ce sont des cyclos, souvent, qui les rachètent. Quand ils montent dessus, ils nous disent que c’est un truc de fou ! Même le cyclo moyen voit une énorme différence. C’est incroyable… » Le double vainqueur de Paris - Roubaix, ex-président de la Ligue de cyclisme, est catégorique : « Les vélos vont trop vite. On ne peut pas continuer ainsi ! C’est très simple, on va de plus en plus vite à des endroits où on fait tout pour ralentir les coureurs ! Il ne faut pas être prix Nobel pour comprendre que ça coince… »

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Marc Madiot a discuté de cela avec Alain Prost, dernièrement. L’ancien quadruple champion du monde de F1 est également un grand amateur de vélo. « Il me disait que dans les années 80, le sport automobile a su légiférer. Les voitures avaient des effets de sol, comme des jupes, et les pilotes n’arrivaient presque plus à tourner. La FIA a supprimé les jupes, ça a été un vrai changement… Aujourd’hui, je vois des guidons de 36 centimètres de large, ça n’est pas la même chose qu’un guidon de 42 centimètres. Encore une fois, il n’y a pas besoin d’être ingénieur pour comprendre que c’est plus dangereux ! »

photo christian prudhomme, directeur du tour de france, s’inquiète pour la sécurité des coureurs.  ©  martin roche / ouest-france

Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, s’inquiète pour la sécurité des coureurs. Martin ROCHE / Ouest-France

Christian Prudhomme, le patron du Tour de France, est exactement sur la même longueur d’onde. Dans l’entretien qu’il a eu avec nos lecteurs avant la Grande Boucle, il avait spontanément évoqué le sujet. « Les coureurs vont de plus en plus vite aujourd’hui, car le matériel est devenu trop performant. Aller le plus vite possible, c’est l’essence même d’un champion, mais désormais, ça nous crée de vrais soucis… » Lui rêve, par exemple, de voir les oreillettes disparaître. Non seulement elles cadenassent la course, mais elles peuvent déconcentrer les coureurs en pleine action.

Une limitation des braquets en fin de saison

Parmi ces avancées, les capteurs de puissance, les GPS, concentrent aussi les critiques… « Planquons-les ! Ne mettons pas ça sous le nez des coureurs, captons les données pour l’après-course, oui, mais pas en course. Ils ne regardent plus la route. Dernièrement, sur le Tour de suisse, des coureurs suivaient leur GPS lors d’une courbe. Manque de bol, ils n’ont pas vu qu’il y avait une bouche d’égout… »

Tous renvoient la balle à l’Union cycliste internationale. Dans un communiqué, mi-juin, elle a pourtant fait un premier pas, en indiquant des changements pour 2026 sur plusieurs points de règlement comme la limitation des hauteurs de roues, des largeurs de cintre et des largeurs de fourche. « Il faut aller encore plus loin, tonne Marc Madiot. Il faut mettre de vraies limites, légiférer. Il faut tout simplement ralentir les vélos ! »

David Lappartient, président de l’UCI, est conscient du problème. Au printemps, il annonçait à Ouest-France qu’un test de limitation des braquets allait par exemple être effectué en fin de saison. « Les courses vont de plus en plus vite, notamment parce que le matériel est beaucoup plus performant. Est-ce que la limitation des braquets en tant que telle est la solution ? Certains pensent que oui. Moi, je suis réservé. En tout cas, derrière ça, il y a le sujet de la limitation de la vitesse, qui est un vrai sujet, effectivement. Réduire la vitesse, d’une manière générale, c’est un peu antinomique d’une course de vélo, mais à partir du moment où c’est une volonté exprimée de l’ensemble des familles, on est tout à fait d’accord pour tester… »

« Le sport auto a su légiférer, pourquoi pas nous ? »

Faire marche arrière, alors que l’évolution technologique génère énormément d’entrées d’argent, est-ce raisonnablement possible ? « Je pense, oui, estime Marc Madiot. Le sport auto l’a fait, pourquoi ne pourrions-nous pas le faire aussi ? Il pourra toujours y avoir de la recherche, du développement, mais il faut l’encadrer davantage. Ils s’adapteront aux limites. Depuis dix ans, on ne fait que ça, ça devient n’importe quoi. Regardez les vélos de chronos : aujourd’hui on ne voit même plus le coureur, son visage. Ce sont devenus des placards publicitaires nos gars ! »

photo ce jeudi 3 juillet 2025, à la présentation des coureurs du tour de france 2025.  ©  martin roche / ouest-france

Ce jeudi 3 juillet 2025, à la présentation des coureurs du Tour de France 2025. Martin ROCHE / Ouest-France

Thierry Gouvenou, lui, s’interroge : « Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi les coureurs ne s’organisent pas pour mettre un frein à tout ça ? Ils voient bien leurs collègues tomber de plus en plus… » « Les coureurs s’en fichent, cingle Marc Madiot. Ils voient le vélo d’à côté qui va plus vite, ils veulent donc le même tout simplement… Ils ne se mettront jamais d’accord. »

Ils partagent pourtant souvent le même constat. Le cycliste Hugo Page (Intermarché), par exemple, lâche avant le départ du Tour : « Il ne faut pas que ça continue comme ça sinon ça va être de la MotoGP à la fin ! Il faudrait imposer des règles. Ce ne sont pas aux coureurs de les imposer. C’est à l’UCI. Il faut prendre des décisions. De notre côté, on est dans cette ambivalence où on veut avoir le vélo le plus rapide en voyant ce qui se fait ailleurs. Ça devient un vrai monde d’ingénieurs où ça surenchérit tout le temps, mais je pense qu’il y aura des règles qui seront imposées pour tout le monde et ça sera une bonne chose… »

Son équipier Louis Barré partage son point de vue : « L’aérodynamisme, c’est très bien pour les marques de vélo, ça leur donne de la visibilité. Mais pour nous les coureurs, ça nous fait rouler de plus en plus vite. C’est de plus en plus dangereux. C’est compliqué pour nous… »

 
Gaspard BREMOND (avec Vincent COTE et Quentin BURBAN).    Ouest-France  

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