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Tour de France. Tadej Pogacar ne se précipite pas... |

Tadej Pogacar s’est emparé du maillot à pois, à Boulogne-sur-Mer. © REUTERS
Tadej Pogacar a pris la deuxième place de la deuxième étape du Tour ce dimanche 6 juillet et se retrouve déjà deuxième au classement général, à quatre secondes de Mathieu Van der Poel. Une position idéale pour le triple vainqueur de la Grande Boucle, pas pressé d’enfiler le maillot jaune.
La partie d’échecs ne fait que commencer mais Tadej Pogacar a montré sur les hauteurs de Boulogne qu’il n’était pas fou. Mariole toujours, mais réfléchi aussi. Pas franchement intéressé par le gain de l’étape qui avait aussi valeur de conversion en maillot jaune. Voilà moins d’un mois, sur le Critérium du Dauphiné à Montluçon, sur un final similaire, le champion du monde slovène avait sorti sa pointe de vitesse pour s’offrir le scalp conjoint de Mathieu Van der Poel et de Jonas Vingegaard.
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À Boulogne, au terme de dix derniers kilomètres en apnée, après avoir franchi à la râpe les trois raidards placés dans les dix derniers kilomètres, Tadej Pogacar a abordé le sprint en très bonne position, dans le sillage de Mathieu Van der Poel mais n’a pas donné l’impression de vouloir à tout prix le passer avant la ligne. « J’étais un peu loin dans le virage, il aurait fallu que je sois plus près de lui pour espérer mieux », lâchait le triple vainqueur du Tour, à sa descente du podium où il venait de revêtir le maillot à pois. Tout sourire et nullement affecté par cet accessit.
Le Néerlandais et lui entretiennent une excellente relation en dehors du vélo, et ont même souvent collaboré en course. Comme lors du Tour des Flandres remporté par le Slovène, lorsqu’il avait fallu mettre sous cloche Wout Van Aert.
Vingegaard, le chaud et le froid
Les deux hommes ont passé le printemps à se tirer la bourre sur les classiques et à se tomber dans les bras à l’arrivée. Avec une idée certaine du spectacle. Cette deuxième étape s’est aussi courue en mode classique, mais Tadej Pogacar n’aborde pas son sixième Tour de France avec l’intention de faire feu de tout bois, alors que les massifs à venir seront éprouvants.
« Je dois gérer mes efforts, car trois semaines, c’est long », répétait-il, conscient également qu’il n’a aucun intérêt à prendre le maillot jaune trop tôt. Le leader de la formation UAE tient son rang et apparaît facile, toujours bien placé, bien escorté par Tim Wellens et Jhonatan Narvaez, mais pour l’heure moins fougueux. Plus stratège, à bientôt 27 ans , ou enclin à faire preuve de patience ?
Jonas Vingegaard a pris la troisième place de ce sprint de moelleux, dans la roue de Pogi, et a couru sur la défensive avant la montée finale. Le Danois de l’équipe Visma Lease a Bike confirme lui aussi qu’il tient une excellente condition. Comme la veille, le dauphin du Slovène l’an dernier à Nice a flairé la bonne aubaine, se projetant à l’avant, pour créer la surprise. Vingegaard n’est cependant pas parvenu à troubler la quiétude de son meilleur ennemi, alors que la stratégie de harcèlement mise en place par son commando jaune et noir était une fois de plus aboutie.
Le duel entre les deux cadors est bel et bien lancé. Ils ne se quittent pas, se jaugent, se flairent, comme chien et chat. À la fois opportunistes et gestionnaires. Comme si la sagesse commençait à les gagner ?