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Vivre le rêve mais assurer l’avenir : comment ces athlètes jonglent entre entraînements et études ?

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photo  la française juliette lescure (à droite) lors d’un combat avec la hongroise kornelia nikolett laszlo lors des championnats d’europe u20, à l’été 2024.  ©  united world wrestling 3

La Française Juliette Lescure (à droite) lors d’un combat avec la Hongroise Kornelia Nikolett Laszlo lors des championnats d’Europe U20, à l’été 2024. © United World Wrestling

Parmi les centaines de milliers d’étudiants qui passent dans le supérieur chaque année, une poignée d’entre eux sont des jeunes athlètes espoirs français qui jonglent depuis l’enfance entre entraînements et cours. Comme Juliette, lutteuse, et Yanis, badiste, ils ont fait le choix fort d’un parcours atypique, réglé comme du papier à musique, avec lequel s’accompagnent « galères » et « sacrifices ».

8 h - 10 h : cours, puis Juliette enfile son maillot de lutte et se presse à l’entraînement pour les deux prochaines heures. Midi : elle saute sous la douche, avale son déjeuner. Jusqu’à 17 h, elle s’efforce à rester concentrée. S’en suit deux heures d’entraînement de plus, avant d’ingurgiter le dîner et filer en études du soir. 21 h sonne la fin d’une journée éreintante, surtout quand on a 16 ans. Et rebelote le lendemain.

Parmi les centaines de milliers d’étudiants qui passent dans le supérieur chaque année, une poignée d’entre eux sont des athlètes espoirs français comme Juliette Lescure, lutteuse française (50 kg), et Yanis Gaudin, ex-n°130 mondial de badminton, qui jonglent depuis l’enfance, entre entraînements et cours.

Un tiers des athlètes olympiques étaient étudiants

Parmi la délégation française des Jeux olympiques de Paris qui comptait 875 athlètes, plus d’un tiers se déclaraient étudiants et bénéficiaient du statut de sportif de haut niveau, selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur.

Sauf que, continuer à croire au rêve de médaille ne passe pas sans assurer l’avenir une fois que l’époque des terrains et des gymnases est révolue. Aux yeux des instances sportives, ce fameux « double-projet » est une ligne rouge. Des ambitions fortes qu’il est souvent difficile d’assumer avec la fatigue, la pression et les retards qui s’accumulent.

« Mon année de terminale, j’ai été beaucoup plus sélectionnée en équipe de France avec beaucoup de stages et de compétitions. Je ratais beaucoup les cours »,raconte la lutteuse de 20 ans, formée dès l’âge de 14 ans dans le même collège-lycée que Martin Fourcade, septuple champion olympique de biathlon, au Centre national d’entraînement en altitude de Font-Romeu (Pyrénées-Orientales).

N’empêche que, dans les faits, ils sont nombreux à privilégier l’ambition sportive qui les anime donnant lieu à des parcours cabossés, surtout lorsqu’ils ne sont pas suffisamment encadrés.

« Yanis était un élève assez désinvesti et très concentré sur sa pratique sportive. Il ne voyait pas l’intérêt de sa poursuite scolaire », confirme sa professeur Madame Janvier, agréée et docteure en philosophie. Car contrairement à Juliette, celui qui a longtemps tutoyé le top 6 français a poursuivi sa scolarité dans des établissements « normaux » de la banlieue parisienne, « sans passe-droit ».

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photo le badiste français yanis gaudin a tutoyé pendant longtemps le top 6 français.  ©  archives yanis gaudin

Le badiste français Yanis Gaudin a tutoyé pendant longtemps le top 6 Français. Archives Yanis Gaudin

« Éligible à rien sur Parcours Sup »

Yanis Gaudin obtient son bac ras les pâquerettes et se retrouve « éligible à rien sur Parcours Sup », son profil d’athlète le somme à s’inscrire en STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), la filière par défaut de nombreux sportifs.

Sur la liste des résultats, Juliette aussi aperçoit son nom en face du terme « admis ». Un Bac STMG avec mention ? « Euh, non par contre. Vas-y, c’était déjà assez la galère », lâche-t-elle avec humour.

Passé l’étape culte du diplôme de fin de lycée, les athlètes-étudiants se retrouvent toujours confrontés au même problème : le manque de comptabilité entre leurs programmes.

Désintéressé de cette unique option de formation de « coach sportif », le vice-champion d’Europe U19 de badminton « arrête tout au bout d’un mois et se concentre à 100 % au bad » avec « Paris 2024 dans le viseur ».

Un sportif sur trois quitte le supérieur

Comme lui, un sportif sur trois quitte l’enseignement supérieur sans diplôme, et un peu moins d’un sur quatre valide l’équivalent d’une licence ou au-delà, selon une étude parue en 2018.

« J’aurai passé mon diplôme de coach, je n’aurai pas eu le choix. Il n’y avait que ça de compatible avec mon cursus. Mais toute une vie, je n’aurai pas tenu, atteste d’un ton sec Yanis, 20 ans. Même si tu es admis dans un truc intéressant, tu ne peux pas concilier de bonnes études tout en étant performant en France. »

Pour éviter ces trajectoires, l’Insep (l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) a élargi son offre de formation à d’autres secteurs que le sport avec l’introduction l’an dernier du Bachelor HEPTA (Hautes études pluridisciplinaires pour top athlètes).

photo yanis gaudin a troqué le short et le maillot pour le costume cravate, plus adapté à son nouveau stage dans une banque nationale à paris.  ©  archives yanis gaudin

Yanis Gaudin a troqué le short et le maillot pour le costume cravate, plus adapté à son nouveau stage dans une banque nationale à Paris. Archives Yanis Gaudin

« Avant, l’Insep n’avait pas son mot à dire sur la maquette pédagogique, sur le programme. Désormais, on a une formation qui est initiée par l’Insep et hébergée par une grande école, en l’occurrence l’ESSEC, Sciences Po et CentraleSupélec », explique le chef de projet de Campus Excellence, Jérôme Flammier. Plus simplement : « plutôt que de partir de la formation qu’on aménage et qu’on essaie de rendre possible pour le sportif, on part du sportif ». Le prisme est inversé et le « sur-mesure » ne fait plus peur.

Parmi les avancées, l’encadrement sportif peut faire passer un examen scolaire à l’athlète pendant les compétitions, où qu’il soit dans le monde.

Ce diplôme inauguré en grande pompe à quelques mois des Jeux de Paris a été une chance inespérée pour le badiste val-de-marnais.

Des critiques envers un Bachelor très onéreux

Désormais étudiant à l’ESSEC, Yanis poursuit un stage dans une compagnie parisienne d’assurances avec l’objectif de se spécialiser, plus tard, dans la fusion-aquisition. Fini les tournois à l’étranger, les interclubs, il s’est « rabattu sur le championnat de France, de Suisse et d’Allemagne. »

Le cursus suivi par cette promotion d’une trentaine d’étudiants ne fait pas l’unanimité. L’association d’alumni des athlètes-étudiants de Science Po a récemment pointé du doigt le Bachelor pour son coût « inaccessible » de plus de 15 000 € par an et son unique voie proposée : « celle du management », dans une tribune publiée sur les réseaux sociaux. 

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De son côté, Juliette a intégré une formation post-bac au temple du sport français, situé dans le bois de Vincennes, en lisière de Paris, où la performance est le noyau sur lequel tout gravite. La preuve en une phrase. « Pendant les périodes de compet’ ou les périodes de régime, on a pu décaler nos examens assez facilement », indique Juliette. Traduction : quand la jeune lutteuse suit une diète pour rentrer dans sa catégorie de poids en lutte, les enseignants « ne poussent pas et relèvent un peu le pied. »

La cagnotte de Loïs Boisson

La championne de France l’an dernier a décidé de rester engagée dans le milieu sportif. Après avoir validé un premier certificat professionnel d’animateur sportif, elle espère maintenant persévérer pour obtenir le BPJEPS, diplôme encore plus pointu. Depuis un an et son bac obtenu, son regard a changé.

« J’ai compris tard que c’était important de s’investir, de vraiment bosser pour avoir un diplôme parce qu’après, la lutte, ça ne paye pas, donc si tu n’as pas ça, tu n’as rien. »

Sans établir le rapport entre éducation et niveau de vie, le lien va de soi. À partir de 2024, l’Agence nationale du sport s’est engagée à ce qu’aucun athlète de la délégation tricolore ne soit sous le seuil de pauvreté mais ces choix de vie n’en restent pas moins confortables. Rappelez-vous qu’avant de faire vibrer la France lors de sa quinzaine à Roland-Garros, Loïs Boisson a lancé une cagnotte… qui n’atteignait que 100 €.

 
Jane COVILLE.    Ouest-France  

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