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XV de France. Équipe « bis », polémique… À quoi s’attendre pour la tournée en Nouvelle-Zélande ?... |

À deux ans de la Coupe du monde 2027, Émilien Gailleton (devant) et Théo Attisogbe (derrière) ont des choses à prouver. © Franck Fife / AFP
Le XV de France débute sa tournée estivale à Dunedin, ce samedi 5 juillet (9 h 05), pour une première confrontation face à la Nouvelle-Zélande. Avec une équipe remaniée et un an après un été cauchemardesque pour le rugby français, les enjeux de ces trois rencontres face aux All Blacks sont nombreux. Les joueurs qui doivent prouver, la polémique sur le casting de Fabien Galthié… À quoi faut-il s’attendre ?
Le XV de France entame sa tournée estivale en Nouvelle-Zélande par un premier choc face aux All Blacks, ce samedi 5 juillet (9 h 05). Avec une équipe remaniée souvent critiquée, il espère surprendre à Dunedin, comme l’avaient fait les Bleus de Damien Traille et Fulgence Ouedraogo en 2009.
Avec Romain Ntamack et Antoine Dupont blessés, Grégory Alldritt à bout de souffle, Thomas Ramos et Louis Bielle-Biarrey au-delà de quotas, cette équipe de France sera menée par un autre cadre, Gaël Fickou. Le centre aux 94 sélections sera le leader et capitaine d’un jeune effectif de 25 ans et 9,3 capes de moyenne. Voici à quoi il faut s’attendre dans cette tournée de trois matches (5, 12 et 19 juillet).
Faire oublier la tournée de l’an passé
L’été rime avec mille choses. Les vacances, le soleil, les plages… Mais en Bleu, il sert surtout à faire oublier le passé, juillet et août 2024, l’été sud-américain. Avant de parler ballon ovale et jeu déployé, les tricolores partis à l’aventure en Nouvelle-Zélande ont un blason à redorer, la page d’un été cauchemardesque à faire tourner. Pour ses propos racistes tenus en Argentine, Melvyn Jaminet a été suspendu 34 semaines. Toujours en Amérique du Sud, Oscar Jegou et Hugo Auradou ont été accusés de « viol avec violence en réunion ». « C’est une image négative qui est restée collée au XV de France, admet Damien Traille, ancien international français. On est la vitrine du rugby français à l’étranger. Et on est encore plus regardé quand ce sont les Blacks en face. » Pour Fulgence Ouedraogo, lui aussi ancien joueur du XV de France, c’est « une façon de montrer qu’on a retenu les leçons du passé ».
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Les comportements sur le plan extra-sportif seront sous haute surveillance. Consommation d’alcool étroitement contrôlée, prime réduite en cas de mauvais comportements, prévention… La Fédération française de rugby (FFR) a mis en place un nouveau cadre pour les équipes de France. « Il faut resserrer le collier car nous sommes en difficulté, expliquait le capitaine français, Gaël Fickou, il y a un an. À nous, joueurs, de nous prendre en main et de nous responsabiliser. Il faut assumer ses conneries. » Présents dans l’hémisphère sud pour plaire, ces joueurs auraient tout à perdre.
Une équipe « bis » en Nouvelle-Zélande, une « connerie totale » ?
Autre problème, le casting du XV de France ne passe pas en Nouvelle-Zélande. Les Bleus se présentent pour la tournée estivale de trois matches avec une équipe « bis », les joueurs dits « premiums » sont laissés au repos après une longue et éprouvante saison de Top 14. Depuis des mois, « ce choix assumé » du staff tricolore rend furieux le public néo-zélandais, mais aussi les responsables de la NZR, la Fédération néo-zélandaise. Justin Marshall (81 sélections), ancien All Black, définit même cette décision de « connerie totale ».
« D’un côté, je comprends les Néo-Zélandais qui jouent le jeu quand ils viennent en novembre. Et le XV de France est devenu un élément important contre qui se jauger, débute Damien Traille. Mais de l’autre côté, il faut penser à la santé des joueurs. » Le Top 14 est dur pour son intensité et sa durée. Il faut deux Super Rugby, le championnat avec les franchises néo-zélandaises, mis bout à bout pour à peine égaler le nombre de matches d’une saison en France. Et c’est sans compter les huit matches de Champions Cup disputés par l’UBB, les sept de Toulouse, les cinq de La Rochelle…
Romain Ntamack et Louis Bielle-Biarrey ont quitté le Stade de France, samedi 28 juin, les corps meurtris. Anthony Jelonch titubait de fatigue. Les cent minutes de combat ont touché les organismes, comme l’a si bien fait cette saison 2024-2025 de Top 14. « Il n’y a pas un seul championnat plus éprouvant que celui-ci, c’est un véritable marathon, raconte Fulgence Ouedraogo, ancien joueur de Montpellier. L’intensité des matches ne cesse d’augmenter. Chaque week-end, les équipes sont sous pression, et ça se joue jusqu’à la dernière journée. Au-delà du physique, il faut s’accrocher mentalement. »
Les Français, pris à la légère, n’ont rien à perdre
Une équipe de France remaniée, sans sa star Antoine Dupont et ses autres cadres, mais faut-il autant la rabaisser ? La prendre à la légère ? « Non, l’équipe alignée à de quoi rivaliser, lance Traille, ancien centre du Biarritz Olympique et de la Section Paloise. Quand on regarde sa ligne de trois-quarts, plusieurs sélections aimeraient l’avoir dans leur équipe. »
Les Bleus n’ont pas peur de ces Blacks frais et reposés qui débutent leur saison. « Les mecs ont faim. On ne fait aucun complexe d’infériorité », a lancé Gaël Fickou à Rugbyrama . Surtout que le XV de France aime ce statut d’outsider. Presque novice dans l’exercice, ce groupe n’a rien à perdre, tout à gagner. « Il peut se lâcher, et c’est là qu’il peut être le plus dangereux », admet Fulgence Ouedraogo.
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Et il a de quoi effrayer la troupe de Scott Robertson, sélectionneur néo-zélandais pour la deuxième saison. « Le rugby français est en bonne forme. Les Français ne sont jamais aussi dangereux que quand on les sous-estime, non ?, rappelle à L’Équipe le technicien. C’est assez drôle que vous racontiez qu’ils sont diminués, qu’ils manquent de joueurs… Après, ils se révoltent et nous, on va se retrouver face à une équipe de France féroce. »
Hastoy, Le Garrec, Gailleton… Des joueurs doivent prouver ou confirmer
Affronter les Blacks en Nouvelle-Zélande est un moment important dans une carrière. Un moment rare, une aubaine… mais surtout un potentiel tremplin pour la suite. À deux ans de la prochaine Coupe du monde en Australie, Fabien Galthié a un effectif à confectionner, ou au moins à peaufiner. Des places seront à prendre dans les années à venir, des choses à prouver dès ce samedi, à Dunedin.
Émilien Gailleton, trois quart centre et leader de la Section Paloise, peut « montrer l’étendue de ses capacités » au niveau international. Son partenaire en club, Théo Attisogbe, a la possibilité de s’installer durablement sous le maillot tricolore. Et pour Fulgence Ouedraogo, le deuxième ligne Tyler Duguid (Montpellier) « a une carte à jouer, car il peut être un profil intéressant pour le XV de France ».
Enfin, Nolan Garrec, remis au second plan derrière les fulgurances de Maxime Lucu au dernier 6 Nations, peut à nouveau jouer des coudes. Aligné avec Joris Segonds pour ce premier test-match, il pourrait disputer les prochains aux côtés d’Antoine Hastoy, avec qui il formera la charnière du Stade Rochelais, la saison prochaine.
Une seule victoire depuis 1995, des Blacks à ne pas désacraliser
« Les Blacks resteront les Blacks. Les générations passent, mais le niveau reste. » Les Néo-Zélandais de Scott Robertson reçoivent les Bleus avec une grande expérience et seulement deux bizuths dans leur effectif. « Jouer en Nouvelle-Zélande, c’est un moment magique, car la culture rugby est folle, raconte Damien Traille. Mais s’y imposer, c’est encore plus fou. C’est tout ce que je leur souhaite… »
Depuis 1995, le XV de France s’est imposé en terres néo-zélandaises à une seule reprise : en 2009, avec les sales gosses
de Marc Lièvremont. « Ça remonte maintenant (rires), s’amuse Fulgence Ouedraogo, positionné à cette époque aux côtés de Dusautoir et Picamoles. Je me souviens de la vidéo d’avant-match. On avait regardé les highlights des All Blacks, et on s’est dit : comment faire pour les contrer ? On a sorti un grand match avec un peu de réussite aussi… Il faut toujours en avoir là-bas. »
Certes, ce ne sont plus les Blacks de Dan Carter, les champions du monde de 2011 et 2015. Mais la Nouvelle-Zélande reste un adversaire à ne pas désacraliser.